samedi 10 mars 2007

Paulinius Zénoble Péliguon (version 1.2)

(février 1448 – 11 février 1501)

Né à Gravelines près de Calais, cet humaniste athée fut le dernier membre important de la guilde des Copistes Lumineux. Il était issu d’une famille de pêcheurs. Malgré son absence de foi, son père lui ordonna d’utiliser au mieux sa curiosité d’esprit et sa grande mémoire. À contrecoeur, préférant rester auprès de sa mère, il devint moine à l’abbaye de Saint-Riquier. Il y resta jusqu’en 1473, date de la construction d’un palais abbatial qui symbolisait à ses yeux l’opulence infertile des abbés et des moines plus centrés sur leur confort que sur l’érudition. Il alla rendre visite à sa mère qu’il n’avait pas vue depuis des années. Elle avait tant vieilli qu’il ne la reconnut pas au premier coup d’œil. Le connaissant par cœur, elle lui fit promettre de conserver son petit air moqueur et sa soif de savoir. Elle lui donna une bourse bien remplie afin qu’il aille étudier à l’université de Paris. Il préféra Oxford, où il arriva en 1474.

Péliguon a entamé une œuvre à jamais inachevée qui se voulait la description la plus fidèle possible de Lectoris, une ville d’environ dix mille habitants dont il a commencé à détailler l’histoire familiale de ses principaux représentants et figures marquantes. Il ressort de ses écrits que cette ville qui aurait voulu être la capitale du royaume de France et, par son érudition, briller et rendre la vie plus facile au-delà de ses murs. Officiellement une épidémie locale d'ergotisme décima sa population, ne laissant personne de vivant en les murs de la ville. Paulinius Zénoble Péliguon était un des rares à accorder crédit à cette thèse qu’il étaya jusqu’à sa mort, alors que la plupart des savants de l’époque, sous l’influence de Guillaume Budé, affirmèrent qu’il s’agissait d’un empoisonnement de grande envergure. Cette théorie du complot horripilait Péliguon qui allait à contre-courant en contredisant Budé et même Érasme sur la symbolique des œuvres de Pinclor.

Péliguon considérait Pinclor comme un auteur majeur de l’Antiquité. Il dénichait le moindre écrit portant le nom de ce polygraphe grec. Ainsi tout ce que nous savons aujourd’hui de Pinclor, nous le devons aux ouvrages que Péliguon a publiés de son vivant. Ce dernier mourut bien avant ses contradicteurs leur laissant la possibilité d’imposer leurs suppositions à l’ensemble des érudits de l’époque et jusqu’à nos jours. En 1503 sa seule et unique fille, Zénobie, mourut et perdit une grande partie des écrits de son père, notamment les ouvrages que celui-ci avait collationnés, alors qu’elle traversait la Manche dans le but d’éduquer Henri VIII, héritier du trône d’Angleterre.

À partir des quelques textes de Péliguon qui nous sont parvenus, le comte d'origine polonaise Wojciech Leokadich, qui avait racheté en 1889 l'essentiel des bâtiments restants sur le site abandonné de Lectoris, établit des plans détaillés pour reconstruire la ville et lui redonner sa splendeur passée. Il s'est appuyé notamment sur le mémoire intitulé Description fidèle et complète de la grande et noble cité de Lectoris en Thiérache pour servir à l'éducation des peuples à venir, que Péliguon écrivit vers 1498. À son tour le fils de Wojciech Leokadich, Pierre-Antoine (1907-1977), étudia l'oeuvre de Péliguon mais sur un plan littéraire et politique, voulant faire ressortir le caractère progressiste de ce texte et voir en Péliguon un précurseur des utopistes sociaux du 19e siècle.

Péliguon, comme ses prédécesseurs au sein de la guilde des Copiste Lumineux, voyait en Lectoris la ville d’où aurait dû et pu jaillir un bien-être futur. Cette concentration d’érudits résidant sur place ou de passage permettait un brassage des cultures et permettait de se pencher sur des questions de tout ordre, même religieux. Péliguon fut consterné d’apprendre que la mort des habitants de Lectoris, au lieu de donner un second souffle à cet idéal, ne fit que renforcer la superstition qu’il savait avoir été renforcée par l’Église. Il ne se doutait pas que sa propre mort aboutirait au paroxysme de ce phénomène.

L’originalité de Péliguon fut de tenter de comprendre, clarifier, mettre en pratique et d’extrapoler les enseignements tirés des œuvres de Pinclor. C’est pour cette raison qu’il arriva à Lectoris le 11 février 1501. Lorsqu’il vit cette cité abandonnée où vécurent de nombreux savants dont les membres de sa guilde, il fondit en larmes. « Le Grand Œuvre est là ! » aurait-il dit, nous a rapporté son disciple nommé Lavoulette. Ce dernier décrit aussi sa propre peur devant ces ruines envahies par les buissons, les arbres et toutes sortes de cris d’animaux. Pétrifié d’effroi, Lavoulette laissa Péliguon avancer, accompagné de ses deux seuls ânes qui tiraient ses affaires et refusaient de se frotter aux ronces. Alors Péliguon décida de tirer lui-même la carriole. La caisse qu’il déchargea, emplie de ses écrits, l’écrasa de tout son poids. Lavoulette propagea la nouvelle, ce qui mit fin à l’existence de la guilde des Copiste Lumineux.


Auteurs : Desman, Fuligineuse


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