jeudi 15 mars 2007

Anthelme Courbedanse

Né à Paris en 1413, ce jeune étudiant peu studieux, fit partie moins d’une année de la Guilde des Copistes Lumineux. Après s’être essayé aux miracles et aux mystères, il rejoignit la confrérie des « Scolastiques Irrévérents » où se réunissaient des étudiants des quatre grandes nations de l’université de Paris que sont la Normandie, la France, la Picardie et l’Angleterre. Il excellait dans ses rôles de fous des soties puis se passionna pour la farce, plus construite et frappant le cuistre avec plus de discernement et de précision. Ses talents d’acteur attirèrent d’autres étudiants qui pensaient plus à s’amuser qu’à poursuivre leurs efforts liés aux études.

Incapable de se contenter des histoires mille fois jouées, Courbedanse inventait des histoires tirées de ses expériences passées. C’est ainsi que sa confrérie joua la farce « Le Copiste Éclairé » qui tailla une renommée définitive à la déclinante Guilde des Copistes Lumineux. Il y joua son propre rôle à la fois naïf et désinvolte, mettant à mal les contradictions flagrantes et les prétentions passéistes de cette guilde. Ce succès lui valut une protection de l’Église qu’il accepta plusieurs années. Un jour Courbedanse rencontra Saclampian, le Haut Maître de cette guilde, qui lui donna une leçon magistrale sur sa couardise et sur les méfaits qu’il avait occasionnés. Il créa une nouvelle farce plus cinglante centrée sur cet épisode, tout en commençant à assimiler que ce qui avait le plus de succès auprès du public était la distinction entre la foi et la religion. Ses farces suivantes continrent toutes un homme d’église, qu’il fût moine ou évêque. Courbedanse se rangeait toujours au plus près des idées papales afin de sauvegarder ce pouvoir de critique acerbe.

Ce n’est qu’à la fin de sa vie, en 1489 que Courbedanse s’offrit le luxe de se moquer directement du pape et de sa fonction privilégiée, trahissant ses propres convictions. Il devint aussi célèbre que ses farces, et le pape Innocent VIII plutôt que d’en faire un martyr, préféra le laisser mourir de vieillesse. Pour le bonheur du nouveau pape Alexandre VI, c'est ce qui advint en 1498 quand Courbedanse mourut d'une crise cardiaque pendant qu’il répétait une nouvelle farce, directement inspirée par le Nouveau Monde qui lui offrait une source d’inspiration qu’il disait inépuisable. Il aurait voulu vivre cent ans de plus pour laisser à de plus énergiques que lui les rôles principaux qu’il s’attribuait et pouvoir créer, sans pause, farce après farce.


auteur : Desman

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