mardi 13 mars 2007

Camille de Carnabie

(1938- )

Cette poétesse est davantage connue pour ses deux essais féministes que pour ses poèmes. Sa virulence se déchaîne aussi bien contre les hommes dominateurs que contre les femmes soumises. Son premier essai, publié en 1967, intitulé Refellation autoanalyse la découverte de son homosexualité. À cette date elle avait su user d’ironie et le ton était très enjoué malgré la description crue de sa jeunesse marquée par une situation difficile à assumer. « Le 18 mars 1966 j’ai eu la révélation de mon homosexualité comme d’autres ont eu la révélation de leur foi religieuse, alors qu’elle était en moi avant même ma naissance et que je n’arrivais pas à admettre à cause du moule culturel imposé par la société pour se maintenir. »

Elle divorça dès que possible sans révéler à son mari son homosexualité pour deux raisons. La première était d’obtenir la garde de ses trois filles qu’elle adorait. La deuxième raison était de ne pas tuer son mari psychologiquement en lui ‘’avouant’’ qu’en plus d’être trompé pour une histoire sans lendemain, il l’avait été à cause d’une femme. Mais le bonhomme était plus solide que prévu. Il se remit de son trouble puis il se mit à harceler Camille de Carnabie non pour qu’elle revienne dans ses bras mais pour lui faire payer cette rupture. Ainsi il faisait exprès chaque jour de la croiser en compagnie d’une nouvelle femme. C’est pour le punir qu’elle écrivit son essai en parlant d’elle à la première personne. Elle révéla les moindres défauts de son mari ainsi que les expériences sexuelles qu’elle s’était forcée à accepter dans la naïveté de son inexpérience. Après avoir eu de nombreuses conquêtes masculines, elle se rendit compte qu’elle ne se sentait bien que dans les bras d’une femme.

Son deuxième essai, La femme phallique, est plus récent. Il a paru en 1983. Cette fois elle témoigne à la place des prostituées proprement dites et pour les prostituées inavouées que sont les femmes qui de nos jours sont encore obligées de se soumettre à leur mari alors qu’elles travaillent, gagnent moins d’argent à qualification égale, s’occupe encore majoritairement des enfants et des tâches ménagères, malgré de faibles progrès. « L’homme a attendu l’invention de la machine à laver pour commencer à s’occuper de laver le linge. L’homme attendra-t-il le robot amoureux pour assouvir sa femme ? » Après cet essai aigri, elle sombra dans une décadence et une dépression l’empêchant de poursuivre sa passion qui était depuis sa jeunesse d’écrire de nouveaux poèmes. Elle renia même ses plus beaux vers et surtout celui-ci qu’elle fustigea dans La femme phallique : « Tu seras toute ma vie et ma dernière seconde. » et qu’elle mit en tête de ses anciens poèmes reniés publiés en 1985 sous le titre Paroles mortelles.

Elle vit de nos jours avec Claude Barbotin (sœur d'Élvira Leokadich, elle fut la belle-sœur de l’écrivain Pierre-Antoine Leokadich ) qui joua un rôle non négligeable dans l’éducation des trois filles de Camille de Carnabie.


auteur : Desman


Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons (Paternité - Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France)


Si vous voulez modifier ce texte, lisez par exemple l'en-tête de ce blog où est indiquée la marche à suivre.

Aucun commentaire: