mardi 20 mars 2007

Guilde des Copistes Lumineux (version 1.2)

1. Son histoire


Guilde fondée par un Irlandais nommé Jilleil, à Laon en 1172, suite à la révolte communale de 1112. Elle rassemblait la plupart des copistes et/ou enlumineurs d'Europe qui privilégiaient la copie des ouvrages non exclusivement religieux d'auteurs antiques ou arabes. Ses privilèges s'étendirent jusqu'au sud de l'Italie, dans les pays Scandinaves et jusqu'au Rhin.


La ville de Lectoris devint la principale référence de cette guilde, puis un refuge avant que sa population ne soit décimée en août et septembre 1325 par une épidémie locale d'ergotisme (ou feu de Saint-Antoine) selon les uns, ou par un empoisonnement collectif selon les plus nombreux, dont Érasme. Il est vrai que l'Inquisition menait la vie dure aux membres de cette guilde et luttait par tous les moyens contre ses privilèges. L'assassinat, le 30 juillet 1233, de l'inquisiteur Conrad de Marbourg aurait été un prétexte utile à l'Église pour se débarrasser définitivement de cette guilde devenue trop influente qu'il accusait de cultes secrets. D'après sa théorie, selon laquelle l'homme d'abord s'imagine l'existence de Dieu, puis même s'il s'imagine la non-existence de Dieu, est incapable de se passer de Lui. L'homme a besoin d'un "objet" (ou d'un être) de culte, et donc si ce n'est Dieu, cet homme est un hérétique. Paulinius Zénoble Péliguon accusait Érasme et Guillaume Budé de connivence avec l'Église (qu'ils n'osèrent jamais défier optant pour un réformisme interne) en se démarquant d'un côté du passé de l'Église et de ses actes ignobles durant l'Inquisition, tout en voulant réhabiliter sa crédibilité, et d'un autre côté en niant que nul ne puisse être un érudit vraisemblable s'il nie la foi chrétienne. Étudiant à Oxford en 1474, Péliguon se pencha sur l’histoire de sa guilde et répertoria ses apports directs ou indirects au monde des lettres. Ceux-ci avaient été nombreux, surtout avant l'hécatombe de 1325. Par la suite, et surtout vers le milieu du 15e siècle, sous l’effet des persécutions inquisitoriales, la guilde avait périclité malgré de grandes figures.


C'est Jacques Galustre qui officialisa et réglementa la Grande Connivence, en 1258. Cette charte associa intrinsèquement la guilde des Copistes Lumineux à la ville de Lectoris. Le Haut Maître de la guilde devenait de plein droit le plus haut représentant de la cité. Les membres de la guilde purent surtout sortir de l’ombre.


Suite à l'hécatombe de 1325 la guilde n'eut pas de Haut Maître pendant plus de quatre années. Ce fut Strogald qui s'octroya ce titre, en décembre 1329, sous la pression d'Anaïs Dourille, plutôt que de laisser vacant. Après Strogald (mort en 1382) qu'Anaïs Lectoris obligea à démissionner en 1355, tous les Hauts Maîtres qui se succédèrent jusqu’à Hubert Astermille furent les descendants d'Anaïs.


Vers 1330 Strogald inventa les fibules propres à la guilde afin que les membres puissent se reconnaître. Ceux qui voulurent agir en pleine lumière prouvaient leur appartenance grâce une fibule forgée en différents métaux selon leur position dans la hiérarchie interne. Leur forme de parchemin en partie déroulé permettait d’y inscrire leur nom ainsi qu’une courte citation. Seules deux d’entre elles furent retrouvées, les autres ont dues être fondues pour de multiples raisons. Celle de Valechon est grande et écrite en latin ampoulé qui lui correspond à la perfection : « L’abysse perfectible engendre des îlots d’ignorance irréductibles sous l’emprise de l’inconséquence et de l’indifférence généralisées. » La seconde, signe de l’efficacité de son propriétaire, est celle d’Astermille écrite en grec (koinè). Il s’agit d’une courte citation de Pinclor : « Vivre son œuvre. » Les deux fibules sont dorées en signe de la valeur de leur porteur alors que Valechon ne fut jamais Haut Maître mais Haut Classeur, rôle essentiel mais sans prestige. C'est lui qui organisait l'ordonnancement des œuvres échangées choisis par le Haut Maître et le classement des copies qui arrivaient en grand nombre. Par contre Astermille méritait sa renommée. Il dormait cinq heures par nuit, ce qui lui permettait de consacrer ses talents à persuader les plus érudits de son époque à envoyer à Lectoris des copies des textes les plus importants en leur possession, et surtout à les convaincre de se réunir régulièrement à Lectoris où ils étaient accueillis chichement d’un côté matériel mais avec un grand respect pour leurs savoirs et leurs pensées. L’argent de la cité et de la guilde partait en litres d’encres de différentes couleurs et en parchemins de qualité. Parfois il fallait même payer certaines rares copies essentielles à la réflexion afin de contredire certaines thèses ou afin d’en étayer d’autres.


La guilde disparut à la mort en 1501 de Paulinius Zénoble Péliguon, le dernier des Hauts Maîtres. La corporation des copistes voyait d'ailleurs son importance décliner suite à l'invention de l'imprimerie.



2. Une succession de Hauts Maîtres


Les Hauts Maîtres étaient désignés à vie.


Jilleil, fondateur de la Guilde des Copistes Lumineux, voulait qu’elle lui survive. Il mit en place un système hiérarchique démocratique, la direction étant confiée à un conseil de huit Dignitaires élus tous les trois ans par les membres selon leur origine géographique et dirigés par le Haut Maître. Il instaura aussi mode très clair de succession des Hauts Maîtres. Le choix serait effectué lors d’un vote à la majorité relative du groupe des huit Dignitaires représentant l’ensemble des membres de la Guilde, vote où la voix du Haut Maître en place compterait double. Cette élection aurait lieu chaque année, mais le Haut Maître pouvait un mois plus tard appeler à une nouvelle élection s’il changeait d’avis. C’est suite à des revirements de la sorte que furent désignés Litt vers 1240, Jacques Galustre en 1262 et Flucandre en 1282.


Le grade de Haut Classeur était moins important et quelquefois on n'a pas conservé de trace de leur nomination. Ainsi, on ignore (à ce jour du moins) qui fut nommé Haut Classeur après la mort de Livanne en 1290 et jusqu'à la nomination de Pierre Burlin en 1322. C'est le Haut Maître qui nommait le Haut Classeur à son gré. Aussi cette fonction était très recherchée parmi les jeunes copistes qui venaient adhérer à la Guilde.


En novembre 1311 la donne changea, avec la démission de Flucandre. Certains Dignitaires menés par Bruno Dourille considéraient que son fils Benoît devait accéder à la fonction de Haut Maître comme prévu par l’élection. D’autres considéraient qu’il ne fallait pas tenir compte de l’élection précédente puisque Flucandre en démissionnant avait prouvé qu’il n’était pas digne d’être Haut Maître et qu’il avait forcément donné une mauvaise influence à cette élection. Un débat eut lieu durant des heures. Pour finir une nouvelle élection désigna comme vainqueur Bernard, l’autre fils de Bruno Dourille, avec 3 voix sur 7. Benoît Dourille reçut 2 voix. Pierre et Martin Burlin reçurent une voix chacun, ce qui est étonnant vu leur jeune âge. Par crainte d'une division profonde de la Guilde, les deux frères Dourille s’associèrent alors dans une collégialité respectueuse et furent désignés tous les deux Hauts Maîtres. Mais cette gouvernance bicéphale manquait d’envergure et de pugnacité.


Benoît et Bernard Dourille durent démissionner de leur fonction de Haut Maître en 1322 sous la pression des cousins Burlin qui cette fois surent convaincre les membres de la Guilde des Copistes Lumineux qu'un renouvellement était nécessaire afin de prouver à l'Église que Lectoris n'allait pas céder au pouvoir religieux, par principe. Cette fois l’élection eut lieu avant la démission des Hauts Maîtres qui, honteux, s’abstinrent. C’est ainsi que Pierre Burlin devint Haut Classeur, nommé par son cousin et néanmoins ennemi, le nouveau Haut Maître Martin Burlin, afin de tenter de calmer ses ambitions.


L’hécatombe en 1325, en décimant la population de Lectoris et en la privant de ses plus hauts dirigeants, désorganisa la Guilde des Copistes Lumineux. En décembre 1329, Anaïs Lectoris obligea Strogald à se désigner nouveau Haut Maître de la Guilde en perdition tout en en faisant son jouet. Anaïs Lectoris l’obligea à démissionner en 1355 au profit de sa lignée, qu’elle imposa jusqu’à la désignation en 1424 de son arrière-arrière-petit-fils Hubert Astermille. En 1476, dans une indifférence totale, ce pénultième Haut Maître choisit de son propre chef son successeur, Paulinius Péliguon qui avec sa mort, objet de superstition, mit fin à la Guilde des Copiste Lumineux.


auteur : Desman

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