dimanche 11 mars 2007

Pas l’ombre d’un glaçon

Dans ce désert, il n’y a pas l’ombre d’un glaçon que je suis un animal en voie d’instinction. Je retrouve les bases de mes sens et les développe par une concentration soutenue par l’enrichissement des plaisirs du monde. Il faut se athée pour ne pas rater l’heure de la prière d’insérer de la monnaie télescopique. Il faut claironner des notables en chaussons assis sur des partitions limitrophes saccadées, et au sac à dos épinglé de photos d’amas de galaxies soucieuses de jeter un sort au premier vœux nu tenu par la douce main de sa petite mère. Il faut tapisser le sol de vagues azurées, coller aux murs des planètes vermifugées, peindre au plafond des chansons subversives à grands coups de scalpel. Et puis il faut penser à brancher son ouvre-beauté et jaillir sur ces entrefêtes.

Pris de courts-circuits, lorsque je suis plusieurs, je me coiffe d’un geste à tifs en même temps que j’empile des lettres in, des pingouins climatisés, et des jeans biofluorés, et surtout je vais chez le voisin Eustache… qui est absent ! Je repasserai un de ces 4x4 à l’occasion. Puis je vais chez son voisin Eustache (corrigez-moi si je me trompe d’Eustache !). J’encre sans papier. Il regarde un document tueur animal lié : Pendant la tournée du torréfacteur, pendant là, tournée vers la douleur, les souris du laboratoire s’enfilent et crânent sur grand écran. Elles me donnent un petit avant-goût d’arrière-goût en file indigne. Celles sans rancune tenace s’arment d’impatience. Celles sans aucune Thrace sur leur blouse, préfèrent s’immiscer dans les salons de beaux thés nébreux cachés parmi les cantons de province. Ensuite c’est l’histoire d’une huître et d’une coquille Saint-Jacques pas palourdes pour deux perles. Aussi, parfois le dimanche, sans le crier sous les toits, lorsque j’oublie de rêver, j’ai une vie de grenier.

Il ne se passera pas un semblant de jour sans que ces maudits rets actionnaires ne m'attaquent. Je sais comment ils font, ils sont embusqués derrière les haies et ils sont prêts à se jeter sur le premier scripteur qui passe. Mais peu importe, je les rejette d'un revers d'épaule méprisant vers la néantosphère à laquelle ils appartiennent, et je passe mon chemin. Je le passe au tamis et je recueille ainsi les fragments d'un discours discordant que je tente d'aligner avec les sons mélodieux de la harpe des élémentaires élégiaques. Dans ce spectromètre ondulatoire, je vois soudain gésir les restes marmoréens de nos banquets disparus. Les poètes munis de nageoires mécaniques s'élancent pour les formater en direction de l'éclipse de lune, mais ils butent sur des résidus de maux mal orthographiés et s'étalent dans la boue sous les rires des courtilières.

Le navigateur fonctionne à échelle réduite et ses appels ont été déconnectés. Dans la cabane, au fin fond de la forêt, il se bagarre sauvagement avec ses câbles pour tenter de retrouver un fragment de moraine qui a dérivé le long des gencives du dieu tutélaire. Mais les signaux qu'il aimait restent sans réponse. Alors il distribue ses réserves de pain d'épice aux hérissons qui l'applaudissent avec gravité. A l'autre bout du câble, dans la ville embuée de larmes, les techniciens s'inquiètent de ce scie-l'anse. Faut-il donner l'alerte, envoyer une expédition à sa recherche ? Ils concluent momentanément qu'il est urgent d'attendre. Nous attendons donc.

Même immobile je ne suis pas toujours une flèche, et si je décoche il m’arrive d’accoster une branche entrouverte après minuit au beau milieu d’un des jeunets sur l’herbe. J’allume le répond d’œuf qui me répond d’heure plein de massages en heures creuses. Je me gargarise sous une pieuvre rayée comme un poulbot écaillé. Je ronfle la tête coincée entre deux cigarettes ignifugées. Pendant mon sommeil gonflé à l’hélium, l’extincteur d’espèces devient fébrile et je rêve d’une symphonie désarticulée par un musicien adepte du bandonéon au plafond, qui clignote et qui fait mal aux yeux sauf derrière des lunettes venimeuses. Aurais-je l’outrecuidance de m’accorder les lignes de la main puisque mon corps morcelé comme par un peintre impressionniste s’évapore dès qu’on me regarde de près. Et de loin il donne l’expression de soie artificielle à la recherche d’une file d’attente conventionnée par un aéroglisseur de mots doux.



Auteurs : Desman, Fuligineuse


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