vendredi 9 mars 2007

Courbes encrées

Courbes encrées et veloutées qui conduisent au plus noir de la nuit. En codant chimiquement un modèle moléculaire organisé sur le substrat de ce plateau à l'heure actuelle de la création, nous allons pouvoir placer un tréma unique sur chaque grain. Selon les lois de la physique, c'est impossible, et car de tels agissements peuvent faire cesser l'univers d'exister, mais est-ce là le critère qui doit nous occuper ? Puisque nous serons sur un bref hiatus jusqu'à l’épuisement des litanies, nous aurons ensuite un second souffle pour apaiser notre convoitise d'instruments à vent.

Les copistes récalcitrants n’ont qu’à bien se tenir, cachés derrière des défilés de mots estampillés par des corsaires aux dents longues et déchaussées. Les animaux, les clowns, les acrobates ont eux aussi étaient chassés par de plus malins qu’eux lorsque arrivaient des projectionnistes de plein air à vif. Les copistes récalcitrants n’ont qu’à se presser des citrons frais. Les copistes récalcitrants n’ont qu’à vomir au pied de la lettre leur excès de paragraphes dont ils ne comprennent pas le moindre mot. Ils volent en formation surlinéaire et ne partagent que leur envie de finir au plus vite, après avoir trahi leur auteur comme un moine défroqué à la recherche de ses oripeaux. Il leur faut des tonneaux d’encre et des oies personnelles avant de succomber d’un couché du regard sur leur ouvrage en cours d’inachèvement.

Tous ces emplumés rêvent des maisons sans fenêtre et à l’arrière-train en marche arrière, qui décollent en bout de champs, arrondissent les anges et dégorgent de blogs et autres sites chronologiques. Alors les souverains jacassent et les carats vannent devant la poterne secouée comme une taupe-modèle cachée par ses lunettes de lune. Les oublis de la fontaine trahissent les maisons papillonnaires et les fermes définitives qui, au lieu d’élever la voie de quelques centimètres, préfèrent joindre les deux bouts de phrases et engraisser des mots domestiques. Ces derniers seront les premiers à empiéter sur la villégiature hivernale des marques à saints plutôt que de prier pour le salut des seuls noms communs et des synonymes qui obtempèrent et attrapent des pissenlits par la racine.

Mais que deviendront-ils tous si l'encre se tarit ? Le puits à encre est profond et les nappes frais à tiques en contiennent certainement encore de grandes quantités. Néanmoins, une inquiétude diffuse a commencé à poindre chez les palmipèdes qui dirigent la grande entreprise multilatérale de copies conformes. Ils discutent ferme avec le gouverneur, demandant qu'un impôt de satin soit levé afin de financer les recherches sur des substances alternatives. Il ne semble pas qu'en l'occurrence, les bêtes raves puissent apporter une solution. En attendant, les intermittents de la copie se font un sang d'encre et se saignent aux quatre veines pour alimenter leurs encriers de porcelaine de Chine.

Assurément, la recherche de la vérité doit prévaloir sur toutes les tentatives éhontées de passe-menteries que l'on peut voir couramment dans les gazettes. C'est pourquoi nous sommes particulièrement attentifs à la cueillette des abat-jours et à leur conservation dans des conditions qu'on veut nables. Nous disposons dans nos archives - poussiéreuses mais hautement respectables - de la liste complète des forêts dans lesquelles ceux-ci peuvent être prélevés. Des émissaires vêtus d'habits jaune d'oeuf moutarde et porteurs d'autorisations spéciales validées de notre sot (qui l'y laisse) sont seuls habilités à effectuer cette opération aussi dangereuse que souhaitable pour la poursuite de nos activités.

Sous les directives éperdues des membres tapis de la grande grillade feuilletée, j’entends une voix qui te dis : « Tu ne raisonnes plus ! Tu sonnes faux ! » Et toi qui continues d’exposer de fond en comble des moulures d’alinéas en fibre de plastique d’un vert glacial orangé. Les pachas font la danse du vent et tu leur tournes les ailes dans le sens contraire à toute convenance. Leurs bras tapis s’allongent comme des kilos de filigranes éventrés qui avancent à grands pas sur des rubans de Möbius embrochés sur des cols expérimentaux fermés par des congénères de neige. De là ils voient des prés, six pissenlits et cinq ratons laveurs prévertueux qui s’inventent des airs arides en plissant leur peau terne, et poilue de près. Alors un tapis perçant le paragraphe de part en part se déroule et tu t'y prends les pieds.

Mes pieds se prennent dans le tapis et au lieu de chuter, je me trouve projetée comme par une catapulte géante verte à travers les airs, les éthers, l'atmopshère, la stratosphère et retour. J'ai le temps de me rendre compte que je fais plusieurs fois le tour de ma tête. Je retombe très doucement en voletant, comme enroulée de fais-ce-ton, au centre d'une forteresse de carton-pâte. C'est clair que je me fais du cinéma, mais on ne va pas dramatiser, il y a déjà suffisamment comme cela d'oranges sanguines écrasées. Je secoue la poussière de mes guenilles et je pars explorer les spasmes où j'ai atterri. L'endroit semble désert...


Auteurs : Fuligineuse, Desman


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