samedi 17 mars 2007

La famille Dourille (2)

Lorsqu’elle fut en âge de raison, tant elle posait de questions, ses parents lui expliquèrent leur départ de Lectoris. Elle se promit de les venger ! Elle fit tout pour éviter que quelqu’un apprenne sa malformation ce qui ne fut pas facile à cause des garçons qui lui tournaient autour. Avec son caractère et sa haine pour tout bagage Anaïs quitta à 17 ans le village de Rothenburg pour rejoindre Lectoris, laissant une lettre à ses parents qui se mirent en chemin pour la rattraper et l’empêcher d’atteindre son but. Anaïs était si discrète qu’ils perdirent sa piste dès la première semaine. Ils accélérèrent le pas pour arriver rapidement. C’est ainsi qu’ils la devancèrent et furent accueillis à Lectoris par des sourires crispés. Tous voulaient savoir ce qu’il était advenu à leur fille munie de son appendice caudal.

Anaïs, pendant que ses parents tentaient une fois de plus d’argumenter en sa faveur, trouvait des difficultés à rejoindre Lectoris à cause de sa beauté et de sa féminité. Elle décida donc de s’habiller en homme et de changer sa voix ainsi que ses manières. Fin août 1325, à mesure qu’elle avançait vers Lectoris elle apprenait de mieux en mieux que la cité avait été touchée par le feu de Saint-Antoine, qu’il ne fallait pas y aller, que la ville de Lectoris était maudite. Lorsqu’elle arriva força les doubles barrières qui ceinturaient la cité. Celles installées par les habitants des alentours qui voulaient interdire aux Lectoriens de sortir et de propager la maladie, et celles intérieures pour faire obstacle à ceux qui auraient voulu entrer et retrouver une femme, un ami ou un frère. Anaïs retrouva sa mère morte et son père agonisant. Il lui fit promettre de quitter la ville sans attendre afin de revenir dès que la maladie aura quitté ce lieu. Il fallait qu’Anaïs vive pour réorganiser la Guilde des Copistes Lumineux et repeupler Lectoris.

Elle passa les vingt années suivantes à faire des enfants (aucun ne reçu en héritage sa malformation) et à correspondre avec les différents membres de la Guilde afin de les motiver à poursuivre leur tâche. C’est elle qui contacta Strogald dans la ville libre d’Augsbourg près de Munich. Anaïs força Strogald à se décerner lui-même le titre de Haut Maître en décembre 1326. En réalité c’est elle qui dirigea la Guilde. Elle plaça ses enfants devenus adultes dans les plus hautes fonctions de celle-ci. Sa régence choqua plus d’un membre de la Guilde mais elle avait su devenir indispensable et à moins de créer un ‘‘schisme culturel et hors de toute religion’’ personne n’aurait pu agir sans son consentement.

Tous les Hauts Maîtres qui se succédèrent jusqu’à Astermille descendaient d’Anaïs Dourille.


auteur : Desman

Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons (Paternité - Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France)

Si vous voulez modifier ce texte, lisez par exemple l'en-tête de ce blog où est indiquée la marche à suivre.

Aucun commentaire: