vendredi 27 avril 2007

Wikimaginaire


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Des rites intempestifs

Des libérations opiniâtres



Wikimaginaire est un atelier d'écriture pour les artisans des mots

pour les amoureux des phrases choyées

pour les passionnés du verbe

pour les drogués du texte

pour les livre-dont-vous-êtes-le-héroïstes

pour les poètes solitaires

pour les bavards intarissables



Wikimaginaire n’est pas une vitrine magique

Wikimaginaire n'est pas un site commercial

Wikimaginaire est un lieu de lecture

un lieu de rencontres littéraires

un lieu d'inspiration

un lieu où se côtoyent les premiers jets, des créations sorties des cartons et des créations méticuleuses



aussi de la littérature plaisir

de la littérature offrir

de la littérature rature

de la littérature en sous-sol, philologique, paléographique, réaliste, dadaïste, contemporaine, personnelle


Écrire sur les câbles de l’ADSL dans de grands mouvements isolés

Tisser des réseaux informels garants de rien

Danser au rythme des signes de ponctuations

Cracher sa vie

Tomber dans son moi le plus profond

En rester là

Se faire miroiter

S'agglutiner autour de soi-même

Ou s'autopsier

S'aventurer comme Urban Decay

Fouiner dans les interstices de l'irrégularité

Brûler sa camisole linguistique

Escalader les paragraphes entassés

Se désaliéner

Se désaltérer

Se désaccorder

Se construire des palais nomades

S'offrir en partage

S'interposer

Réclamer

Déclamer

S'exclamer

S'extasier

S'exprimer

S'extérioriser

Exaucer son voeu

Exhausser son écriture

Descendre en sous-marin jaune dans les abîmes de notre mental

Y trouver des mots

mercredi 4 avril 2007

Wikimaginaire

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vendredi 30 mars 2007

jeudi 29 mars 2007

Phrases cylindriques

Le texte d’un écrivain imposant une contrainte émeut avec enthousiasme un lectorat qui critique passionnément.

Une contrainte émeut avec enthousiasme un lectorat qui critique passionnément le texte d’un écrivain imposant.

Un lectorat qui critique passionnément le texte d’un écrivain imposant une contrainte émeut avec enthousiasme.

_______


auteur : Desman

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Le Tasse y lit

il vaudrait mieux que je t’oublie
il vaudrait mieux que je t’efface
de ma mémoire inétablie
que je n’ose plus voir en face
je sais que la réalité plie
sous le fardeau de ce qui passe
et la journée est bien remplie
des tâches qui vous rendent lasse
si de ton image pâlie
si encore un contour je trace
où ira ma mélancolie
vivra-t-elle si je trépasse
il vaudrait mieux que je t’oublie
(car l’histoire point ne repasse)
et que devant tous je publie
mon intention de contumace
alors peut-être de la lie
je boirai jusqu’au bout la tasse
et jetant tout ce qui s’entasse
je vivrai toute ma folie


auteur : Fuligineuse

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mercredi 28 mars 2007

Quand le désordre s’impose

le jardin se bétonne,
le béton se désarme,
les eaux rigolent,
les fleurs se guillotinent,
les écureuils se dépensent,
les glands se déchaînent,
les pigeons se rendent,
les paroles se volent,
les écrits se taillent,
les pommes se discordent,


auteur : Desman

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mardi 27 mars 2007

Une trace indélébile de musique flotte encore au-dessus des eaux

Juste une trace, pas plus. Une fumée impalpable dans laquelle nous allons pouvoir nous enrouler comme des pangolins neurasthéniques. La rivière cependant entraîne sans répit ses flots vers la mer, vers le large où les bateaux font la navette de long en large. Les filets qu'ils traînent ramènent vers le rivage des statues antiques coulées au large d'Alexandrie quand les émissaires de Ptolémée râtissaient vers sa bibliothèque tous les livres du monde connu. Dans la cour pavée, flotte encore le parfum du basilic que tu as froissé entre tes doigts, ce matin-là quand tu n'as rien trouvé à dire. Ce n'est pas grave, de toute façon la pluie allait tomber d'un moment à l'autre, et tout cela serait emporté vers le large avec le son des paroles envolées et des musiques évanouies.

Des envolées jaillissantes de colombes nous narguent avec leurs éclats de rire. N'ont-elles pas mieux à faire ? ne serait-ce que picorer les discours des politiciens ? ou encore semer des grains de moutarde dans le champ du possible ? Non, elles préfèrent rester perchées sur le parapet et se gausser de nos mines déconfites. Nous n'en avons que faire. Les tâches auxquelles nous nous sommes consacrés nous appellent d'une voix claire et puissante, vers une voie claire et brillante, il n'est pas question d'autre chose. Mais tout de même, au creux des soirs veloutés, un air de saxophone malicieux pourrait nous faire un croche-pied et nous irions tomber dans des buissons épineux de nostalgies.

La nostalgie nous regarde et nous martèle en tête de sortir de nos cases translucides. Pour garder intacte sa propre malédiction innée, elle l’a adoptée. Elle écarte tout contrevenant à la langue de bois à bord de son vernaculaire utilitaire. Elle disjoint les écrivains de leurs troubles devenus trop nombreux. Elle les inspecte tous, les interroge, les emmène dans un réduit au silence infalsifiable. Lorsqu’ils sont sans vigueur elle les agrafe par dix-sept et les enveloppe d’un papier glacé sous le timbre poussif d’un facteur d’ordres, impérieux et sournois. Puis elle les marchande contre des amulettes suédoises. L’oublittérature à de beaux jours devant elle.

Théâtre en kit, acte primitif, scène Hun ! Le désordre sous les traits de l’Incommunicable règne en dramaturge. Les personnages-nous avancent avec peine de grossiers et lourds propos insoutenables sous les coups de fouets et les projecteurs. Une estafette déboule et embarque tout ce beau monde jusqu’à une plage énervée. Tous se regardent dans les yeux et personne ne comprend. Ils rentrent chez eux et découvrent des pangolins dans chaque pièce. Ils ressortent et dans les rues sousréalistes affluent des courants littéraires qui inondent le moindre esprit inoccupé et forment une fanfare que nul ne veut rater. De la musique avant toute chosification. Sans conscience de sa servitude chacun multiplie les pirouettes tranpolinesques et nul ne pense que son état passager en provenance de Paris et à destination de Lectoris est prié de boutonner son faux-col.

La créature de la première version d’un texte, celle qui collectionne les coquilles, celle qui porte tout de rien, comme un chapeau de feutres de couleurs par tous les temps de la conjugaison, ou comme une licence II poétique d’une soul-catégorie. Celle qui disjoncte entre l’objet de son répondeur et la taxe que doit payer tout condamné à parler devant la terreur d’être victime d’un détournement de sentiment. Alors elle se rend ridicule, prend un verre à l’opéra et écoute les chants qui sont à sa portée. Elle invente l’eau qui reste à la surface de l’eau et qui donc roule sans cesse sur elle-même pour respecter cette nouvelle loi de la thermodynamique. Cette vague créature, guichetière au musée des mots rafistolés, aspire les âmes infectes des auteurs qui ont pour premier désir de plaire.


auteurs : Fuligineuse, Desman

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lundi 26 mars 2007

Portrait d’Urban Decay (version 1.2)

Urban Decay est né en plein centre de la ville, il est né au centre de Paris, de Londres, de Berlin, de New York, de Los Angeles, de Mexico, de Moscou.

Urban Decay n’a jamais posé le pied sur la terre nue, toujours sur l’asphalte, le bitume, le béton qui couvrent le sol des villes. Il n’a jamais enlacé un arbre, il n’a jamais cueilli une fleur, il n’a jamais froissé un brin d’herbe entre ses doigts.

Urban Decay a vingt ans, cinquante ans, trente ans, mille ans. Ses cheveux sont verts, jaunes, bleus, il n’a pas de cheveux. Il a les yeux de toutes les couleurs qui reflètent les images de la ville, les immeubles qui tombent en ruine, les voitures qui passent sous la pluie, les trottoirs défoncés. Il connaît tous ceux que la ville a aspirés dans son grand maëlstrom, il les a rencontrés un jour ou l’autre, il leur a offert un verre, il leur a fauché leur portefeuille. Urban Decay est un poète, il connaît toutes les chansons qui parlent du malheur d’être. Il connaît tous les mots qui parlent du malheur d’aimer.

Il nous regarde sans sympathie, avec la plus totale indifférence. Que des êtres humains passent devant lui ou un chariot de nettoyage, cela lui est parfaitement égal. Comment ? Quelle était la question ? Vous voulez savoir comment est habillé Urban Decay ? Il est en noir bien sûr, noir sur noir, il porte du cuir, du coton synthétique, de la soie artificielle crachée par des machines asthmatiques. Les jours impairs, il porte un chapeau. Des lunettes de soleil, jour et nuit.



Urban Decay renie les zoneurs de la République, de la Démocratie, et des autres territoires occupés. Il ressent que sa joie n’est pas de ce monde bas de plafond et gratte-cielisé plein d’espaces transparents. Il écrit dans sa tête, sans outil scripteur, des poèmes qu’il marmonne dès qu’un autre s’approche. Il mâche les mots, les réduit en bouillie et les avale dans un grand précipice brouhahagantesque. Il les entasse dans d’affreux conteneurs usagés. Il les stocke dans un vieil entrepôt dégarni le long du quai provisoire. Puis il les brûle et se voit sur d’autres routes bitumées lézardées et mal entretenues pendant que des curieux s’interrogent sur ces mots qui crient leur douleur. Déjà la pluie tombe et tous les ont oubliés. Tous sauf Urban Decay qui se maudit de devoir ouvrir les entrailles des mots pour en connaître les secrets. Il explore ces vestiges et se promène en eux. Il soulève quelques lettres et s’adosse au coin des ruelles qu’elles éclairent. Il se cogne à l’envergure abîmée des plus profonds d’entre eux. Il y pénètre en regardant à deux fois. L’endroit grouille de rationalismes aux yeux injectés de sang pur. Il les écarte d’un coup de manche bien tannée. L’envers lui saute dessus. Il se débat avec lui-même dans de grands mouvements incompréhensibles. Des morceaux de lettres lui entrent dans la bouche. Il veut les recracher contre un mur porteur de valeurs en ruine mais ils s’agglutinent dans son œsophage et au contact de sa salive se solidifient. Ses pensées s’évertuent à briser ce socle déjà volumineux. Il est emporté en avant et tombe dans un vacarme interminable qui transperce ses tympans. Il gît la gorge déployée. Des passants n’osent même pas lui jeter un regard. Lorsque la pluie a cessé, il sent l’oxygène revenir et se force à se redresser sur les genoux. Il regarde le ciel éclairci et entame à son tour une pluie diluvienne de mots qu’il lance aussi loin qu’il le peut. Il les voit entrouvrir des ghettos, il les entend être repris en chœur, il les devine enfin libres.

Alors Urban Decay trace sa route et fuit ce bonheur insupportable.



Hier Urban Decay a rencontré un frère poéthique, efficace et concis dans la vie comme dans son style qui s’est suicidé de bonne humeur.

Pour rejoindre une ville autre, Urban Decay avance les pieds sur les autoroutes des mots creux qu’on lit à toute vitesse. À la nuit tombée, il guette et chasse à la ligne le moindre mot inconnu qui traverse devant lui d’un seul jet. Il place surtout des pièges à verbes qu’il relève au premier rayon de sommeil. Des semaines durant il progresse et emmagasine ces spécimens qui n’avaient jamais rencontrés d’humains avant lui. Il n’a pas honte de les compresser, indomptés, dans ses poches pleines. Il n’a qu’une envie, retourner sur les grands axes des mégalopoles qui mènent à leur plus forte concentration. Il y fleurit de minuscules impasses insalubres où la vie moisit et vide son trop-plein de philosophie rythmique. Subtile utilité. Ce qui lui importe réside dans le bon état de ses chaussures, alors que l’essentiel ne se résume pas. L’essentiel se déploie, l'essentiel se vocifère, l'essentiel s’invite, l'essentiel ne ménage pas. Urban Decay lâche ses mots sur le premier venu qui s’en prend plein la tête. Son écriture orale de proximité écœure les passants aux phrases inertes mille fois entendues regorgeant de mots qui tombent en lambeaux, usés jusqu’aux os. La moelle en dégouline à chaque propos et descend jusqu’à l’arrêt complet. Desséchés ils n’ont plus la force de se revivifier auprès des sauvages beautés qui s’enfuient des poches d’Urban Decay. Ces derniers, étourdis, inspectent les lieux dans un délire intense. Ils s’accaparent de nouveaux territoires, de nouveaux objets, de nouveaux gestes et les défendront au péril de leur survie.
Indifférent à ces prochains carnages, Urban Decay s’endort sous un banc.



Sans prothèse postmortem comme une religion, sans assurance-vie comme une espérance en un au-delà, Urban Decay vit au présent et a peu d’amis. Urban Decay ne s’ennuie jamais… lorsqu’il est seul. Il se lit dans sa tête. Les mots, il sait les manipuler comme les pièces d’un jeu échec par un maître de circonférence. Il poème, il romane, il nouvelle, il chansonne, il improvise avec trente-sept phrases d’avance. Il conte parfois. Urban Decay commence les contes de son invention par la fin, quand les princesses et les princes se marient et ont beaucoup d’enfants, histoire de raconter ce que c’est que de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants. Il recrée des ouïes dire, ajoute quelques observations bien méritées. Fini le temps du rêve, il faut savoir tenir son rang, se plier au lois du royaume, se protéger des frondes, vieillir et voir mourir. Les comptes de faits d’Urban Decay sont réalistes et sans pitié. Leurs personnages rêvent d’avoir le temps de lire des histoires magnifiques où ils pourraient se sentir chez eux, performants et bienheureux, dans un calme profond et riche en sentiments sincères. S’ils savaient, ils lorgneraient sur les informations qui circulent dans les neurones d’Urban Decay qui vibre au moindre impact d’un mot éclatant près de lui. Il amplifie les secousses et répercute les sensations. Que personne ne profite de son pouvoir l’indiffère. Il ne veut pas être donné, ni en pâture, ni en exemple aux générations présentes et futures. Il fronce sa liberté et, les mains dans les poches de sa veste noire, il regarde son reflet dans ses lunettes noires et s’offre un sandwich qu'il paye avec une pièce de deux heures trouvée dans la rue. Par terre, à la vue de tous. Incroyable ce que les gens sont négligents !



Aucun doute, Urban Decay est un as du recyclage. Il fait tout avec n'importe quoi et je ne sais quoi avec presque rien. Avec lui, les engrenages du réel se mettent à mouliner les fictions désarticulées qui gisent dans les corbeilles du théâtre moderne. Il leur dessine une paire d'oreilles et vogue la galère. Lorsqu’il regarde derrière lui et voit son passé boiteux zigzaguer, (les jours impairs) Urban Decay (enfonce son chapeau sur ses yeux et) se jette par terre dans le but de trouver quelques morceaux de phrases victimes d’imposture. Il conte sans cédille, doit emprunter des apostrophes par principe auprès des apparatchiks d’appartement vivant en désunion libre, vend à la criée des prophéties auto-réalisatrices, lance des porte-plumes assoiffés sur des murs privatisés. Les soirs de première expérience il trouve des verbes passés à l’acte suivant dans les poubelles des psychologues des mots abandonnés. Parfois des jongleurs intempestifs, des cracheurs de feutres, des involontaires surnuméraires arrachent page après page les feuilles d’automne de vieux dictionnaires académiques neufs. Il s’abandonne aux trésors de ces désordres misés sur des tables de poker. Il se passionne d’en trouver d’autres plus incongrus à l’humeur grognonne. Et même si ses poches se vident il sait que les esprits creux ne se rempliront pas. Qu’importe ! Urban Decay jouera encore sa vie ailleurs, là où les trous n’ont pas de bords, là où le gravât lui ouvre de nouveaux territoires à se désapproprier, là où le béton s’arme d’impatience, là où le bitume fume et colle aux chaussures. Urban Decay porte sa voix au loin en lui, de l’autre côté de ses yeux sans complaisance.




(à suivre)



auteurs : Fuligineuse, Desman

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Damien Smenda et la vérité historique

Né en 1967 à Paris, Damien Smenda est un jeune historien, élève du Pr Henri-Jean Martin et, comme lui, spécialisé dans l'histoire du livre et de l'édition. Son premer ouvrage important, publié en 1997, a été l'histoire de Lectoris, reconstituée notamment grâce aux documents conservés de la Guilde des Copistes Lumineux : Lectoris, une ville où l'écrit fut roi.

Les raisons pour lesquelles Smenda a écrit ce livre sont très personnelles. Orphelin, Damien avait été élevé par sa grand-mère à laquelle il était très attaché. Cette grand-mère, Géraldine Smenda, était née près de Lectoris en 1914. Lorsque la 2e guerre mondiale éclata, elle se trouvait dans la région de Montauban, où elle vivait avec son mari, un réfugié espagnol qui avait émigré pendant la guerre civile, et où son fils Augustin (le père de Damien) naquit en 1940. Restée veuve en 1980, et ayant appris la reconstruction du village, elle revint s'installer à Belon (nom ancien de Lectoris repris après la reconstruction). Quand elle mourut subitement en 1992 dans un accident de voiture, il chercha pendant longtemps comment il pourrait lui rendre hommage et finit par le trouver en s'intéressant à l'histoire de cette ville dont la vieille dame se considérait comme originaire.

Le livre de Damien Smenda contient d'intéressantes mises à jour sur l'histoire de la Guilde telle qu'elle avait été établie par Pierre-Antoine Leokadich, à partir de découvertes de documents inconnus durant la période où celui-ci avait rédigé son ouvrage. Il se montre également assez critique quant aux distorsions de Leokadich qui mélange à la fois ses connaissances antiques sur l’œuvre et la vie de Pinclor et de Péliguon, l’histoire de la ville, la vie de son père Wojciech ainsi que des éléments venus de sa propre imagination.

Après ce livre, Damien Smenda écrivit une étude (publiée en 2002) sur la conception et l'organisation des sciptoria, les ateliers de copistes des monastères au Moyen Age. Depuis quelque temps, et bien que ce sujet sorte de son domaine de spécialité, il prépare un travail sur l'histoire de la ville d'Amoriphonisse.





(à suivre)

Auteur : Fuligineuse

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