dimanche 18 mars 2007

Lectoris (version 1.3)

Lectoris est un village de la Thiérache en Picardie. Il abandonna son ancienne appellation de Belon en 1153 sous l'impulsion de la guilde des Copistes Lumineux.



Ce village de 152 habitants aujourd'hui connaît l'histoire de cette ancienne cité qui atteignit dix mille habitants avant la grande hécatombe. Il ressort des écrits de Paulinius Zénoble Péliguon que cette ville (où il est mort) qui aurait voulu être la capitale du royaume de France et, par son érudition, briller et rendre la vie plus facile au-delà de ses murs, disparut très rapidement au 13e siècle. La ville de Lectoris devint la principale référence de la guilde des Copistes Lumineux, puis un refuge avant que sa population ne soit décimée en août et septembre 1233. Officiellement, une épidémie locale d'ergotisme décima sa population, ne laissant personne de vivant en les murs de la ville.

C'est Jacques Galustre qui officialisa et réglementa la Grande Connivence, en 1258. Cette charte associa intrinsèquement la guilde des Copistes Lumineux à la ville de Lectoris. Le Haut Maître de la guilde devenait de plein droit le plus haut représentant de la cité. Les nombreuses copies de textes envoyés par les membres de la guilde depuis les quatre coins de l’Europe et parfois même d’Orient vers Lectoris n’eurent plus à être cachées. Jacques Galustre améliora le système des transmissions. Elles furent protégées par un sceau dont chacun respectait la confidentialité. Cependant de nombreux anciens copistes de la guilde gardèrent leur habitude d’une transmission discrète.

Curieusement, le parchemin de la Grande Connivence n'est pas conservé à Lectoris, mais se trouve à Tours, à la suite de bouleversements dont le fil a été perdu au cours des siècles.



Au centre de Lectoris se trouvait une fontaine que l'on pouvait apercevoir du haut de la colline située au nord. Le système utilisait l'eau d'une source généreuse en quantité mais que personne n'osait détourner par superstition. Lavoulette, le disciple de Péliguon, a affirmé que cette fontaine fonctionnait encore en 1501. Elle mesurait trois mètres de hauteur et était située sur la grande place où toutes les rues de la ville convergeaient. C'est l'œuvre de Villard de Honnecourt, au début du XIIIe siècle. Il avait aussi insisté auprès de Geoffroy de Fenzac pour édifier, puisqu'on lui refusait de construire le moindre bâtiment religieux, un lieu de convivialité et de culture. Aussi avait-il prévu d'élever, à côté de cette fontaine, une immense construction avec une salle entourée de petites pièces où chacun aurait pu s'isoler.

Malgré leurs différends, le Haut Classeur Pierre Burlin et son cousin le Haut Claseur Martin Burlin jouèrent un rôle déterminant en s'alliant dans les années qui ont précédé la fin de Lectoris en 1325 en défendant les privilèges de la ville et de la guilde contre les tentatives insidieuses des successeur de l'inquisiteur Conrad de Marbourg, assassiné en juillet 1233. L'Église soupçonnait la Guilde des Copistes Lumineux d'être les commanditaires de cet assassinat. Les Hauts Maîtres de la guilde concentrèrent leurs efforts sur cette querelle manifeste avec l'Église. Sans cet épisode de 1233, Lectoris aurait construit la plus grande bibliothèque de l'époque. Seuls trois plans, retrouvés et publiés par Péliguon, nous sont parvenus.



Cette ville a été mise en quarantaine et évitée durant des siècles, jusqu’à ce que Wojciech Leokadich, un richissime aristocrate Polonais, rachète à l’État français l’ensemble des propriétés la composant en 1889. Il s’installa dans la plus belle bâtisse mais trouva nul ouvrier courageux afin de réaménager les constructions délabrées. Pendant trente-deux années il se fit donc charpentier, couvreur, plombier, ébéniste, etc.

Si l’on en croit ses délires sur un lit de l’hôpital, il passait chaque jour devant l’énigmatique statue de marbre blanc protégée des intempéries par une fine matière qui lui renforçait son éclat. Cette femme nue bien humaine à l’aspect divin resplendissait aux rayons des lumières nocturnes ou diurnes. Il en était tombé amoureux. Dès qu’il se réveillait, il ouvrait les persiennes et lui parlait, lui racontait ses rêves et semblait écouter les siens. Après une toilette rapide et glaciale dans la fontaine il caressait ce corps et lui susurrait des insanités avant de s’accoupler à elle depuis qu’il avait découvert que le sexe de cette statue, malgré sa dureté offrait une légère ouverture suffisante pour y pénétrer deux doigts ou même son propre sexe. Il suffisait d’un peu de lubrifiant pour y jouir pleinement, agrippé à ce corps si fort et délicat. Lorsqu’il œuvrait à la régénération de Lectoris, il savait qu’elle n’était pas loin, à le regarder et à l’encourager.

Nous savons grâce à son fils Pierre-Antoine Leokadich que Wojciech Leokadich chercha à savoir qui avait érigé cette magnificence au cœur de Lectoris. Personne ne sait qui elle représentait mais Wojciech et son fils étaient persuadés qu’il s’agissait d’une splendide représentation d’Anaïs Dourille, dite Anaïs Lectoris, la figure la plus emblématique de la Guilde des Copistes Lumineux bien que n’y ayant jamais fait partie. Leur principal argument était une légère excroissance caudale quasi invisible au premier regard. Pierre-Antoine Leokadich chercha sans succès à comprendre par qui, quand, comment et pourquoi cette statue fut façonnée et installée à Lectoris alors que la ville avait été mise en quarantaine depuis la grande hécatombe de 1325, et qu’avant cette année-là les Lectoriens rejetaient la présence d’Anaïs Lectoris dans leur cité et l’en avaient même chassée.

Après sa mort dans un hôpital en octobre 1921, une autopsie fut demandée par le préfet de la région et comme nulle trace de poison ne fut trouvée, l’État français racheta cette propriété à ses héritiers et transforma, avec l’aide des habitants rassurés des alentours, la ville en un musée grandeur nature selon les projets du comte Leokadich, basés sur les descriptions détaillées des livres de Péliguon.



Lectoris fut "miraculeusement" épargnée par les combats de la première Guerre Mondiale et détruite lors de la seconde. Un village fut reconstruit sur le site en 1953. Il prit le nom de Belon par superstition


auteur : Desman

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