vendredi 27 avril 2007

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Wikimaginaire est un atelier d'écriture pour les artisans des mots

pour les amoureux des phrases choyées

pour les passionnés du verbe

pour les drogués du texte

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pour les poètes solitaires

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Wikimaginaire n’est pas une vitrine magique

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Wikimaginaire est un lieu de lecture

un lieu de rencontres littéraires

un lieu d'inspiration

un lieu où se côtoyent les premiers jets, des créations sorties des cartons et des créations méticuleuses



aussi de la littérature plaisir

de la littérature offrir

de la littérature rature

de la littérature en sous-sol, philologique, paléographique, réaliste, dadaïste, contemporaine, personnelle


Écrire sur les câbles de l’ADSL dans de grands mouvements isolés

Tisser des réseaux informels garants de rien

Danser au rythme des signes de ponctuations

Cracher sa vie

Tomber dans son moi le plus profond

En rester là

Se faire miroiter

S'agglutiner autour de soi-même

Ou s'autopsier

S'aventurer comme Urban Decay

Fouiner dans les interstices de l'irrégularité

Brûler sa camisole linguistique

Escalader les paragraphes entassés

Se désaliéner

Se désaltérer

Se désaccorder

Se construire des palais nomades

S'offrir en partage

S'interposer

Réclamer

Déclamer

S'exclamer

S'extasier

S'exprimer

S'extérioriser

Exaucer son voeu

Exhausser son écriture

Descendre en sous-marin jaune dans les abîmes de notre mental

Y trouver des mots

mercredi 4 avril 2007

Wikimaginaire

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vendredi 30 mars 2007

jeudi 29 mars 2007

Phrases cylindriques

Le texte d’un écrivain imposant une contrainte émeut avec enthousiasme un lectorat qui critique passionnément.

Une contrainte émeut avec enthousiasme un lectorat qui critique passionnément le texte d’un écrivain imposant.

Un lectorat qui critique passionnément le texte d’un écrivain imposant une contrainte émeut avec enthousiasme.

_______


auteur : Desman

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Le Tasse y lit

il vaudrait mieux que je t’oublie
il vaudrait mieux que je t’efface
de ma mémoire inétablie
que je n’ose plus voir en face
je sais que la réalité plie
sous le fardeau de ce qui passe
et la journée est bien remplie
des tâches qui vous rendent lasse
si de ton image pâlie
si encore un contour je trace
où ira ma mélancolie
vivra-t-elle si je trépasse
il vaudrait mieux que je t’oublie
(car l’histoire point ne repasse)
et que devant tous je publie
mon intention de contumace
alors peut-être de la lie
je boirai jusqu’au bout la tasse
et jetant tout ce qui s’entasse
je vivrai toute ma folie


auteur : Fuligineuse

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mercredi 28 mars 2007

Quand le désordre s’impose

le jardin se bétonne,
le béton se désarme,
les eaux rigolent,
les fleurs se guillotinent,
les écureuils se dépensent,
les glands se déchaînent,
les pigeons se rendent,
les paroles se volent,
les écrits se taillent,
les pommes se discordent,


auteur : Desman

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mardi 27 mars 2007

Une trace indélébile de musique flotte encore au-dessus des eaux

Juste une trace, pas plus. Une fumée impalpable dans laquelle nous allons pouvoir nous enrouler comme des pangolins neurasthéniques. La rivière cependant entraîne sans répit ses flots vers la mer, vers le large où les bateaux font la navette de long en large. Les filets qu'ils traînent ramènent vers le rivage des statues antiques coulées au large d'Alexandrie quand les émissaires de Ptolémée râtissaient vers sa bibliothèque tous les livres du monde connu. Dans la cour pavée, flotte encore le parfum du basilic que tu as froissé entre tes doigts, ce matin-là quand tu n'as rien trouvé à dire. Ce n'est pas grave, de toute façon la pluie allait tomber d'un moment à l'autre, et tout cela serait emporté vers le large avec le son des paroles envolées et des musiques évanouies.

Des envolées jaillissantes de colombes nous narguent avec leurs éclats de rire. N'ont-elles pas mieux à faire ? ne serait-ce que picorer les discours des politiciens ? ou encore semer des grains de moutarde dans le champ du possible ? Non, elles préfèrent rester perchées sur le parapet et se gausser de nos mines déconfites. Nous n'en avons que faire. Les tâches auxquelles nous nous sommes consacrés nous appellent d'une voix claire et puissante, vers une voie claire et brillante, il n'est pas question d'autre chose. Mais tout de même, au creux des soirs veloutés, un air de saxophone malicieux pourrait nous faire un croche-pied et nous irions tomber dans des buissons épineux de nostalgies.

La nostalgie nous regarde et nous martèle en tête de sortir de nos cases translucides. Pour garder intacte sa propre malédiction innée, elle l’a adoptée. Elle écarte tout contrevenant à la langue de bois à bord de son vernaculaire utilitaire. Elle disjoint les écrivains de leurs troubles devenus trop nombreux. Elle les inspecte tous, les interroge, les emmène dans un réduit au silence infalsifiable. Lorsqu’ils sont sans vigueur elle les agrafe par dix-sept et les enveloppe d’un papier glacé sous le timbre poussif d’un facteur d’ordres, impérieux et sournois. Puis elle les marchande contre des amulettes suédoises. L’oublittérature à de beaux jours devant elle.

Théâtre en kit, acte primitif, scène Hun ! Le désordre sous les traits de l’Incommunicable règne en dramaturge. Les personnages-nous avancent avec peine de grossiers et lourds propos insoutenables sous les coups de fouets et les projecteurs. Une estafette déboule et embarque tout ce beau monde jusqu’à une plage énervée. Tous se regardent dans les yeux et personne ne comprend. Ils rentrent chez eux et découvrent des pangolins dans chaque pièce. Ils ressortent et dans les rues sousréalistes affluent des courants littéraires qui inondent le moindre esprit inoccupé et forment une fanfare que nul ne veut rater. De la musique avant toute chosification. Sans conscience de sa servitude chacun multiplie les pirouettes tranpolinesques et nul ne pense que son état passager en provenance de Paris et à destination de Lectoris est prié de boutonner son faux-col.

La créature de la première version d’un texte, celle qui collectionne les coquilles, celle qui porte tout de rien, comme un chapeau de feutres de couleurs par tous les temps de la conjugaison, ou comme une licence II poétique d’une soul-catégorie. Celle qui disjoncte entre l’objet de son répondeur et la taxe que doit payer tout condamné à parler devant la terreur d’être victime d’un détournement de sentiment. Alors elle se rend ridicule, prend un verre à l’opéra et écoute les chants qui sont à sa portée. Elle invente l’eau qui reste à la surface de l’eau et qui donc roule sans cesse sur elle-même pour respecter cette nouvelle loi de la thermodynamique. Cette vague créature, guichetière au musée des mots rafistolés, aspire les âmes infectes des auteurs qui ont pour premier désir de plaire.


auteurs : Fuligineuse, Desman

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lundi 26 mars 2007

Portrait d’Urban Decay (version 1.2)

Urban Decay est né en plein centre de la ville, il est né au centre de Paris, de Londres, de Berlin, de New York, de Los Angeles, de Mexico, de Moscou.

Urban Decay n’a jamais posé le pied sur la terre nue, toujours sur l’asphalte, le bitume, le béton qui couvrent le sol des villes. Il n’a jamais enlacé un arbre, il n’a jamais cueilli une fleur, il n’a jamais froissé un brin d’herbe entre ses doigts.

Urban Decay a vingt ans, cinquante ans, trente ans, mille ans. Ses cheveux sont verts, jaunes, bleus, il n’a pas de cheveux. Il a les yeux de toutes les couleurs qui reflètent les images de la ville, les immeubles qui tombent en ruine, les voitures qui passent sous la pluie, les trottoirs défoncés. Il connaît tous ceux que la ville a aspirés dans son grand maëlstrom, il les a rencontrés un jour ou l’autre, il leur a offert un verre, il leur a fauché leur portefeuille. Urban Decay est un poète, il connaît toutes les chansons qui parlent du malheur d’être. Il connaît tous les mots qui parlent du malheur d’aimer.

Il nous regarde sans sympathie, avec la plus totale indifférence. Que des êtres humains passent devant lui ou un chariot de nettoyage, cela lui est parfaitement égal. Comment ? Quelle était la question ? Vous voulez savoir comment est habillé Urban Decay ? Il est en noir bien sûr, noir sur noir, il porte du cuir, du coton synthétique, de la soie artificielle crachée par des machines asthmatiques. Les jours impairs, il porte un chapeau. Des lunettes de soleil, jour et nuit.



Urban Decay renie les zoneurs de la République, de la Démocratie, et des autres territoires occupés. Il ressent que sa joie n’est pas de ce monde bas de plafond et gratte-cielisé plein d’espaces transparents. Il écrit dans sa tête, sans outil scripteur, des poèmes qu’il marmonne dès qu’un autre s’approche. Il mâche les mots, les réduit en bouillie et les avale dans un grand précipice brouhahagantesque. Il les entasse dans d’affreux conteneurs usagés. Il les stocke dans un vieil entrepôt dégarni le long du quai provisoire. Puis il les brûle et se voit sur d’autres routes bitumées lézardées et mal entretenues pendant que des curieux s’interrogent sur ces mots qui crient leur douleur. Déjà la pluie tombe et tous les ont oubliés. Tous sauf Urban Decay qui se maudit de devoir ouvrir les entrailles des mots pour en connaître les secrets. Il explore ces vestiges et se promène en eux. Il soulève quelques lettres et s’adosse au coin des ruelles qu’elles éclairent. Il se cogne à l’envergure abîmée des plus profonds d’entre eux. Il y pénètre en regardant à deux fois. L’endroit grouille de rationalismes aux yeux injectés de sang pur. Il les écarte d’un coup de manche bien tannée. L’envers lui saute dessus. Il se débat avec lui-même dans de grands mouvements incompréhensibles. Des morceaux de lettres lui entrent dans la bouche. Il veut les recracher contre un mur porteur de valeurs en ruine mais ils s’agglutinent dans son œsophage et au contact de sa salive se solidifient. Ses pensées s’évertuent à briser ce socle déjà volumineux. Il est emporté en avant et tombe dans un vacarme interminable qui transperce ses tympans. Il gît la gorge déployée. Des passants n’osent même pas lui jeter un regard. Lorsque la pluie a cessé, il sent l’oxygène revenir et se force à se redresser sur les genoux. Il regarde le ciel éclairci et entame à son tour une pluie diluvienne de mots qu’il lance aussi loin qu’il le peut. Il les voit entrouvrir des ghettos, il les entend être repris en chœur, il les devine enfin libres.

Alors Urban Decay trace sa route et fuit ce bonheur insupportable.



Hier Urban Decay a rencontré un frère poéthique, efficace et concis dans la vie comme dans son style qui s’est suicidé de bonne humeur.

Pour rejoindre une ville autre, Urban Decay avance les pieds sur les autoroutes des mots creux qu’on lit à toute vitesse. À la nuit tombée, il guette et chasse à la ligne le moindre mot inconnu qui traverse devant lui d’un seul jet. Il place surtout des pièges à verbes qu’il relève au premier rayon de sommeil. Des semaines durant il progresse et emmagasine ces spécimens qui n’avaient jamais rencontrés d’humains avant lui. Il n’a pas honte de les compresser, indomptés, dans ses poches pleines. Il n’a qu’une envie, retourner sur les grands axes des mégalopoles qui mènent à leur plus forte concentration. Il y fleurit de minuscules impasses insalubres où la vie moisit et vide son trop-plein de philosophie rythmique. Subtile utilité. Ce qui lui importe réside dans le bon état de ses chaussures, alors que l’essentiel ne se résume pas. L’essentiel se déploie, l'essentiel se vocifère, l'essentiel s’invite, l'essentiel ne ménage pas. Urban Decay lâche ses mots sur le premier venu qui s’en prend plein la tête. Son écriture orale de proximité écœure les passants aux phrases inertes mille fois entendues regorgeant de mots qui tombent en lambeaux, usés jusqu’aux os. La moelle en dégouline à chaque propos et descend jusqu’à l’arrêt complet. Desséchés ils n’ont plus la force de se revivifier auprès des sauvages beautés qui s’enfuient des poches d’Urban Decay. Ces derniers, étourdis, inspectent les lieux dans un délire intense. Ils s’accaparent de nouveaux territoires, de nouveaux objets, de nouveaux gestes et les défendront au péril de leur survie.
Indifférent à ces prochains carnages, Urban Decay s’endort sous un banc.



Sans prothèse postmortem comme une religion, sans assurance-vie comme une espérance en un au-delà, Urban Decay vit au présent et a peu d’amis. Urban Decay ne s’ennuie jamais… lorsqu’il est seul. Il se lit dans sa tête. Les mots, il sait les manipuler comme les pièces d’un jeu échec par un maître de circonférence. Il poème, il romane, il nouvelle, il chansonne, il improvise avec trente-sept phrases d’avance. Il conte parfois. Urban Decay commence les contes de son invention par la fin, quand les princesses et les princes se marient et ont beaucoup d’enfants, histoire de raconter ce que c’est que de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants. Il recrée des ouïes dire, ajoute quelques observations bien méritées. Fini le temps du rêve, il faut savoir tenir son rang, se plier au lois du royaume, se protéger des frondes, vieillir et voir mourir. Les comptes de faits d’Urban Decay sont réalistes et sans pitié. Leurs personnages rêvent d’avoir le temps de lire des histoires magnifiques où ils pourraient se sentir chez eux, performants et bienheureux, dans un calme profond et riche en sentiments sincères. S’ils savaient, ils lorgneraient sur les informations qui circulent dans les neurones d’Urban Decay qui vibre au moindre impact d’un mot éclatant près de lui. Il amplifie les secousses et répercute les sensations. Que personne ne profite de son pouvoir l’indiffère. Il ne veut pas être donné, ni en pâture, ni en exemple aux générations présentes et futures. Il fronce sa liberté et, les mains dans les poches de sa veste noire, il regarde son reflet dans ses lunettes noires et s’offre un sandwich qu'il paye avec une pièce de deux heures trouvée dans la rue. Par terre, à la vue de tous. Incroyable ce que les gens sont négligents !



Aucun doute, Urban Decay est un as du recyclage. Il fait tout avec n'importe quoi et je ne sais quoi avec presque rien. Avec lui, les engrenages du réel se mettent à mouliner les fictions désarticulées qui gisent dans les corbeilles du théâtre moderne. Il leur dessine une paire d'oreilles et vogue la galère. Lorsqu’il regarde derrière lui et voit son passé boiteux zigzaguer, (les jours impairs) Urban Decay (enfonce son chapeau sur ses yeux et) se jette par terre dans le but de trouver quelques morceaux de phrases victimes d’imposture. Il conte sans cédille, doit emprunter des apostrophes par principe auprès des apparatchiks d’appartement vivant en désunion libre, vend à la criée des prophéties auto-réalisatrices, lance des porte-plumes assoiffés sur des murs privatisés. Les soirs de première expérience il trouve des verbes passés à l’acte suivant dans les poubelles des psychologues des mots abandonnés. Parfois des jongleurs intempestifs, des cracheurs de feutres, des involontaires surnuméraires arrachent page après page les feuilles d’automne de vieux dictionnaires académiques neufs. Il s’abandonne aux trésors de ces désordres misés sur des tables de poker. Il se passionne d’en trouver d’autres plus incongrus à l’humeur grognonne. Et même si ses poches se vident il sait que les esprits creux ne se rempliront pas. Qu’importe ! Urban Decay jouera encore sa vie ailleurs, là où les trous n’ont pas de bords, là où le gravât lui ouvre de nouveaux territoires à se désapproprier, là où le béton s’arme d’impatience, là où le bitume fume et colle aux chaussures. Urban Decay porte sa voix au loin en lui, de l’autre côté de ses yeux sans complaisance.




(à suivre)



auteurs : Fuligineuse, Desman

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Damien Smenda et la vérité historique

Né en 1967 à Paris, Damien Smenda est un jeune historien, élève du Pr Henri-Jean Martin et, comme lui, spécialisé dans l'histoire du livre et de l'édition. Son premer ouvrage important, publié en 1997, a été l'histoire de Lectoris, reconstituée notamment grâce aux documents conservés de la Guilde des Copistes Lumineux : Lectoris, une ville où l'écrit fut roi.

Les raisons pour lesquelles Smenda a écrit ce livre sont très personnelles. Orphelin, Damien avait été élevé par sa grand-mère à laquelle il était très attaché. Cette grand-mère, Géraldine Smenda, était née près de Lectoris en 1914. Lorsque la 2e guerre mondiale éclata, elle se trouvait dans la région de Montauban, où elle vivait avec son mari, un réfugié espagnol qui avait émigré pendant la guerre civile, et où son fils Augustin (le père de Damien) naquit en 1940. Restée veuve en 1980, et ayant appris la reconstruction du village, elle revint s'installer à Belon (nom ancien de Lectoris repris après la reconstruction). Quand elle mourut subitement en 1992 dans un accident de voiture, il chercha pendant longtemps comment il pourrait lui rendre hommage et finit par le trouver en s'intéressant à l'histoire de cette ville dont la vieille dame se considérait comme originaire.

Le livre de Damien Smenda contient d'intéressantes mises à jour sur l'histoire de la Guilde telle qu'elle avait été établie par Pierre-Antoine Leokadich, à partir de découvertes de documents inconnus durant la période où celui-ci avait rédigé son ouvrage. Il se montre également assez critique quant aux distorsions de Leokadich qui mélange à la fois ses connaissances antiques sur l’œuvre et la vie de Pinclor et de Péliguon, l’histoire de la ville, la vie de son père Wojciech ainsi que des éléments venus de sa propre imagination.

Après ce livre, Damien Smenda écrivit une étude (publiée en 2002) sur la conception et l'organisation des sciptoria, les ateliers de copistes des monastères au Moyen Age. Depuis quelque temps, et bien que ce sujet sorte de son domaine de spécialité, il prépare un travail sur l'histoire de la ville d'Amoriphonisse.





(à suivre)

Auteur : Fuligineuse

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samedi 24 mars 2007

Portrait d’Urban Decay

Urban Decay est né en plein centre de la ville, il est né au centre de Paris, de Londres, de Berlin, de New York, de Los Angeles, de Mexico, de Moscou.
Urban Decay n’a jamais posé le pied sur la terre nue, toujours sur l’asphalte, le bitume, le béton qui couvrent le sol des villes. Il n’a jamais enlacé un arbre, il n’a jamais cueilli une fleur, il n’a jamais froissé un brin d’herbe entre ses doigts.
Urban Decay a vingt ans, cinquante ans, trente ans, mille ans. Ses cheveux sont verts, jaunes, bleus, il n’a pas de cheveux. Il a les yeux de toutes les couleurs qui reflètent les images de la ville, les immeubles qui tombent en ruine, les voitures qui passent sous la pluie, les trottoirs défoncés. Il connaît tous ceux que la ville a aspirés dans son grand maëlstrom, il les a rencontrés un jour ou l’autre, il leur a offert un verre, il leur a fauché leur portefeuille. Urban Decay est un poète, il connaît toutes les chansons qui parlent du malheur d’être. Il connaît tous les mots qui parlent du malheur d’aimer.
Il nous regarde sans sympathie, avec la plus totale indifférence. Que des êtres humains passent devant lui ou un chariot de nettoyage, cela lui est parfaitement égal. Comment ? Quelle était la question ? Vous voulez savoir comment est habillé Urban Decay ? Il est en noir bien sûr, noir sur noir, il porte du cuir, du coton synthétique, de la soie artificielle crachée par des machines asthmatiques. Les jours impairs, il porte un chapeau. Des lunettes de soleil, jour et nuit.

Urban Decay renie les zoneurs de la République, de la Démocratie, et des autres territoires occupés. Il ressent que sa joie n’est pas de ce monde bas de plafond et gratte-cielisé plein d’espaces transparents. Il écrit dans sa tête, sans outil scripteur, des poèmes qu’il marmonne dès qu’un autre s’approche. Il mâche les mots, les réduit en bouillie et les avale dans un grand précipice brouhahagantesque. Il les entasse dans d’affreux conteneurs usagés. Il les stocke dans un vieil entrepôt dégarni le long du quai provisoire. Puis il les brûle et se voit sur d’autres routes bitumées lézardées et mal entretenues pendant que des curieux s’interrogent sur ces mots qui crient leur douleur. Déjà la pluie tombe et tous les ont oubliés. Tous sauf Urban Decay qui se maudit de devoir ouvrir les entrailles des mots pour en connaître les secrets. Il explore ces vestiges et se promène en eux. Il soulève quelques lettres et s’adosse au coin des ruelles qu’elles éclairent. Il se cogne à l’envergure abîmée des plus profonds d’entre eux. Il y pénètre en regardant à deux fois. L’endroit grouille de rationalismes aux yeux injectés de sang pur. Il les écarte d’un coup de manche bien tannée. L’envers lui saute dessus. Il se débat avec lui-même dans de grands mouvements incompréhensibles. Des morceaux de lettres lui entrent dans la bouche. Il veut les recracher contre un mur porteur de valeurs en ruine mais ils s’agglutinent dans son œsophage et au contact de sa salive se solidifient. Ses pensées s’évertuent à briser ce socle déjà volumineux. Il est emporté en avant et tombe dans un vacarme interminable qui transperce ses tympans. Il gît la gorge déployée. Des passants n’osent même pas lui jeter un regard. Lorsque la pluie a cessé, il sent l’oxygène revenir et se force à se redresser sur les genoux. Il regarde le ciel éclairci et entame à son tour une pluie diluvienne de mots qu’il lance aussi loin qu’il le peut. Il les voit entrouvrir des ghettos, il les entend être repris en chœur, il les devine enfin libres.
Alors Urban Decay trace sa route et fuit ce bonheur insupportable.





(à suivre)





auteurs : Fuligineuse, Desman

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Dialogue vrillé (version 1.3)

- Je trouve étonnant que tu n'aies rien à m'écrire du moment que je ne t'écris pas.

- Tu ne réponds jamais (rarement) à ce que je t'écris. Je préfère ne pas troubler tes silences, qui confortent les miens.

- Il est vrai que je ne réponds jamais (rarement) à ce que tu m'écris parce qu'il s'agit toujours (souvent) de très succincts commentaires de mes messages précédents, et pas (peu) de propos de première main. J'ai souvent l'impression d'être un petit cours d'eau inutile où tu ne rebondis (souvent majestueusement) que par un petit ricochet où tu te dilues en deux mots tout en me laissant croire à une vitalité que je n’ai pas.

- C'est pourquoi quand je t'écris (souvent), je ne cherche pas les mots qui pourraient te faire penser que je dis autre chose (ou le contraire) de ce qui, en fait, n'existe pas.

- Mes silences parlent plus que tes mots.

- Mes propos (souvent) mouchetés armés d’un silencieux n’ont rien à voir avec nous. Il s’agit juste d’une petite conversation fidèle à l’emprise du vide spirituel et du trop-plein virtuel.

- L’univers fuit !

- L'univers nous fuit !

- Je fuis l'univers !

- Et si l'univers nous suivait ? Comment lui échapper ? Par quelle porte sortir de l'univers ? Et pourquoi échapper à ce qui fait qu'on est ?

- Je fuis ce que je suis ! Je cours vers ce que je devrais être !

- Le réel t'a tendu des pièges à loup, prends garde de ne pas y tomber !

- Seuls les trous noirs accaparent ma peur.

- Et pourtant tu t'essouffles à mi-vie.

- Il me faut regagner la rive et ...

- ...Tu as perdu d'avance.

- Personne en moi pour me faire une auto-avance. Je suis seul en moi-même.

- Comme je suis seul avec toi-même.

- Dans mes meilleurs moments, la certitude de l'inimportance de tout s'accompagne d'une joie qui n'est pas de ce monde.

- Je t’envie ! Mais comment une joie qui n’est pas de ce monde peut-elle t’accompagner ?

- Je passe dans les interstices du réel pour y accéder, mais les vannes ne sont pas toujours ouvertes.

- Et quand elles sont fermées ?

- Je m'enroule sur moi-même comme un pangolin.

- Mais pourquoi ne pas utiliser ton parapluie ?




auteurs : Desman, Fuligineuse

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vendredi 23 mars 2007

Les mots tombent du ciel

Les mots tombent du ciel et éclaboussent la conservation à bâtons rompus des pangolins minoritaires. C’est pour cela qu’il faut ramener Robert Kaïlle, l’empereur manchot, au cœur pur de la banquise qui s’esquive et décide de s’offrir des vacances au soleil. Il est le seul à pouvoir voir des poux parmi les fausses notes apportées par les dirigeables de l’est et de l’ouest. Pendant ce mauvais temps les flocons de lumière sont pressés et envahissent les rues pour faire du lèche-vitrine. Ils emporteront avec eux des bonnets pomponnés, des paroles mal tenues, des affiches délaissées, des nouvelles fraîches, et nul ne discutera de leurs goûts et de leurs couleurs.

Nous n'aurons pas le temps d'en discuter, nous avons trop à fer. Je vais du four au moulin, en navette spatiale décommandée dont le trajet se répète indéfiniment comme les serments des serpents espérant des arpents de sarments. Je récolte dans ma brouette des paix-le-thé de billets, doux ou acides, destinés à cette banque glaciale de la banquise, située au troisième iceberg à gauche en sortant. A peine sortis du permafrost, ils frissonnent encore tandis que je les dépose dans des cases treillagées en leur prodiguant des encorbellements tuméfiés. Là les comptes sont gelés pour une petite tranche d'éternité. Un bref salut de Robert Kaïlle et je peux reprendre ma route en chantant.

De mon côté je pars sur un petit porte-bateau. Un maître sauveteur nageur à domicile me donne sa carte. Je le teste en le lançant par-dessus bâbord et il ressort côté tribord, un ours blanc entre les dents. Il remonte et voit que je préfère regarder une brochure écolo de la Société Protectrice des Insectes qui cherche des fonds marins pour une nouvelle expérience hors du commun des mortels. Déçu de ne pouvoir participer, à l’avant turbulent, je libère la lettre préaffranchie où j’insère un chèque en bois dans la cheminée. Puis en vue de la prochaine escale, je me souviens que j’ai oublié mon passe-port. Je vais être une fois de plus recalé dans un réduit sans bougie. Il ne manquerait plus qu’on me donne la quarantaine. Pas grave ! Je vais me dérider avec le cuistot latino maestro du tango.

L’affreux, il m’a cuisiné comme un cas d’OGM rebelle. Il m’a montré une carte michemin et m’a dit de retourner chez moi à dos de missile. Il m’a donné son scooter multifonction ainsi qu’un vieux tire-embouteillage. J’ai jeté un clin d’œil à la neige aquatique et je suis tombé la tête en avant sur un péagiste en formation. Des sous ? Si ! J’en ai eus ! Commença alors un dialogue de source sure et indigeste. J’avais beau expliqué que j’écrivais pour le plaisir et pas pour l’Argentine ou je ne sais quoi, il ne voulait rien lire. J’avais beau dire que même si je ne connaissais pas l’angoisse de la page blanche, je connaissais celle de ne pas avoir de page blanche, il refusait tout mes mots en vrac. Alors j’ai fait de magnifiques tas harmonieux, et je les ai coloriés avec mon stylo fluo. Je n’ai pas aimé son regard. Il était aussi fébrile qu’un dentiste maladroit qui vous bave dans la bouche et qui vous saute aux yeux de tous. Heureusement qu'il ne m'a pas rentré deux dents. Maintenant, même si je me porte bien, j'évite le moindre terrain glissant. Et quand je suis hors de moi, je me porte moi-même.

Et désormais, penchée du haut du pont, je lance des petits cailloux ronds dans l'eau légèrement métallisée et dont les bulles m'entourent comme d'une ouate thermogène. Vain espoir de ricochets que le chef d'orchestre administrerait avec vigueur de sa baguette de coude vrillé ! Mais il est probable qu'une trace indélébile de musique flotte encore au-dessus des eaux. Sinon, la sirène ne pourrait pas retentir avec la même esperluette. Nous aurions dû réunir ici tous les signes, emblèmes, symboles, marques, indices du passage assuré des grands herbivores. Mais nous étions trop occupés à hacher menu des participes. Peu importe, bientôt le facteur nous apportera de nouvelles séries de lettres. Nous lui demanderons s'il est rosigoûteur et nous l'arroserons de pelure d'oignon.



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jeudi 22 mars 2007

Le peuple Nounta

Le peuple Nounta est le premier roman-fleuve écrit (de 1937 à 1943) par Marc-Antoine Leokadich. Il est divisé en cinq volumes où sont décrits les difficultés et les bonheurs d’un peuple de chamans humains sur une terre qui semble abandonnée par les autres civilisations. Ils sont les détenteurs d’une riche culture. L’auteur ne nous informe pas si cette histoire se déroule dans un lointain passé, ou dans un futur éloigné, ni même si cela se passe sur Terre. Les savoirs, les coutumes, les noms, les sols, les animaux nous sont inconnus. Les êtres de ce peuple craignent un danger qu’ils n’arrivent pas à définir. S'agit-il d'une croyance ? Des phénomènes viennent corroborer leurs craintes. Aussi ils avancent, changent de directions, se fient à leur expérience ou improvisent au gré de leurs rencontres. Ils apprennent ou réapprennent la vie dans sa complexité sans oublier l’essentiel à leurs yeux qui est la cohésion du groupe qu’ils forment. Pas question d’abandonner l’un d’entre eux. Et pas question que l’un d’entre eux les quitte. Il en va de la survie du groupe en ces milieux parfois hostiles, souvent dangereuses, toujours inconnues.

Chaque Nounta, c'est-à-dire chaque membre du peuple Nounta comme ils se nomment eux-mêmes, possède une perception de la réalité qui lui est propre, ainsi que de faibles pouvoirs particuliers. Personne ne commande puisque tous commandent. Malgré leur fortes personnalités, ils sont faits pour vivre ensemble et ils le savent.




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Histoire de Marguerite Tiercelan

Marguerite Tiercelan était née à Anizy-le-Château, village proche de Laon et de Lectoris, en 1295. Elle était la plus jeune des filles de Bertrand et Marie Tiercelan, qui avaient six enfants, trois garçons et trois filles. La famille Tiercelan était une lignée de tisserands, apparentée de loin à celle des Jarnisse, originaires de Bourguignon-sous-Montbavin, à une lieue et demie de là (voir le texte "Les cousins ennemis" ). On racontait à la veillée que quelques années auparavant, Bertrand Tiercelan, parti livrer une pièce de drap dans un village voisin en traversant une forêt, avait été suivi par un grand loup gris auquel il avait parlé tout le long du chemin, et qui ne lui avait fait aucun mal. Le tisserand y avait gagné la réputation d'être quelque peu sorcier, et certains le craignaient pour cela. En fait, c'était un homme très doux, silencieux et secret.

Devenue une des plus jolies filles du village, brune aux yeux bleus et aux épaules rondes, Marguerite était très recherchée par les garçons. Elle était très liée à celui de ses frères qui était le plus proche d'elle par l'âge, Jonas, qui travaillait comme apprenti meunier chez Marie du Moulin. Jonas était depuis l'enfance l'ami inséparable des cousins Burlin, Pierre et Mathieu.

(à suivre)



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mercredi 21 mars 2007

Dialogue vrillé (version 1.2)

- Je trouve étonnant que tu n'aies rien à m'écrire du moment que je ne t'écris pas.

- Tu ne réponds jamais (rarement) à ce que je t'écris. Je préfère ne pas troubler tes silences, qui confortent les miens.

- Il est vrai que je ne réponds jamais (rarement) à ce que tu m'écris parce qu'il s'agit toujours (souvent) de très succincts commentaires de mes messages précédents, et pas (peu) de propos de première main. J'ai souvent l'impression d'être un petit cours d'eau inutile où tu ne rebondis (souvent majestueusement) que par un petit ricochet où tu te dilues en deux mots tout en me laissant croire à une vitalité que je n’ai pas.

- C'est pourquoi quand je t'écris (souvent), je ne cherche pas les mots qui pourraient te faire penser que je dis autre chose (ou le contraire) de ce qui, en fait, n'existe pas.

- Mes silences parlent plus que tes mots.

- Mes propos (souvent) mouchetés armés d’un silencieux n’ont rien à voir avec nous. Il s’agit juste d’une petite conversation fidèle à l’emprise du vide spirituel et du trop-plein virtuel.

- L’univers fuit !

- L'univers nous fuit !

- Je fuis l'univers !

- Et si l'univers nous suivait ? Comment lui échapper ? Par quelle porte sortir de l'univers ?




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Marc-Antoine Leokadich

Né le 17 mars 1909, fils de Wojciech Leokadich et de Krystal Roitelle, il est le frère du nouvelliste Pierre-Antoine Leokadich. Après des études littéraires à l’Université de Bordeaux il y devint professeur agrégé en 1933. Il semblait avoir une vie sans originalité jusqu’au 5 septembre 2006 où il publia son premier roman qui d’après ce qu’il en dit dans la présentation a été écrit en octobre-novembre 1929, lors de la grande crise financière. Optimiste il indique aussi qu’il publiera un livre par mois jusqu’à sa mort. Il créa pour cela sa propre maison d’édition dirigée par l’un de ses petit-fils, Liénard Leokadich. Il nous a donné la liste complète de ses romans et s'y est tenu pour le moment. Jusqu’alors il avait toujours refusé que quelqu’un les lise par crainte d’une mauvaise critique. Cela lui importe peu dorénavant. Il se sent détaché de son œuvre, écrit-il, et vient de décider d’arrêter d’écrire. Il passera le restant de ses jours, espère-t-il, à relire dans le texte les œuvres de Marc-Aurèle, de Montaigne, de Montesquieu, et de Tocqueville.



Liste complète de ses romans

Roman - Année(s) d'écriture - Publication (prévisionnelle)

Ce matin-là - 1929 - septembre 2006
Commerce littéraire - 1930 - octobre 2006
Le cri et le rêve - 1932 - novembre 2006
Petite musique de nuit pour un meurtre au grand jour - 1933 - décembre 2006
Marine(s) - 1934 - janvier 2007
L'offre - 1936 - février 2007
La porte de l'univers - 1938 - mars 2007
Tomber dans un gouffre - 1943 - (juin 2007)
Celle qui avait disparu - 1943-1945 - (juillet 2007)
Au son des lames - 1945 - (août 2007)
Loin de moi-même - 1946 - (septembre 2007)
De la part d'une Martiniquaise - 1947 - (octobre 2007)
Incohérence - 1948 - (novembre 2007)
Prostitution littéraire - 1948 - (décembre 2007)
La chambre vernie - 1950 - (janvier 2008)


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Krystal Roitelle

Née le 8 août 1887, elle connut le comte Wojciech Leokadich alors qu’elle travaillait à Laon dans la pharmacie de ses parents. Ils tombèrent éperdument amoureux dès leur première rencontre en janvier 1907. Elle tomba enceinte et accoucha le 19 novembre 1907 d’un garçon qu’elle prénomma Pierre-Antoine. Déçue de voir Wojciech continuer à passer ses journées à la reconstruction de l’ancienne ville de Lectoris, elle mit fin à leur relation le 28 octobre 1908, le jour où elle apprit qu’elle attendait un nouvel enfant. Elle s’installa définitivement à Bordeaux avec Pierre-Antoine et ouvrit une librairie pour le jour du premier anniversaire de celui-ci. Quelques jours avant de mettre au monde son second fils, Marc-Antoine Leokadich le 17 mars 1909, elle se fit remplacer deux semaines par Marie-Julie Chonielle (une amie journaliste qui voulait ressentir la vérité du quotidien, mais c'est son mari, journaliste lui aussi, qui signait les articles qu'elle écrivait). Krystal éleva seule ses deux garçons qui l’aidèrent bientôt à ranger et à présenter les livres qu’elle sélectionnait avec attention.

Elle a disparu le 14 janvier 1943. Certains témoins de l'époque affirment qu'elle fut emmenée par des soldats allemands, d'autres disent qu'il s'agissait de la Milice française. Il semblerait qu'elle ait été dénoncée. Par qui ? Pourquoi ? Si jamais elle fit partie d'une groupe de résistants, personne n'en témoigna. Ses fils pensent qu'elle en était capable. C'est aussi l'avis de Marie-Julie Chonielle qui parle longuement de son amie Krystal Roitelle dans son autobiographie intitulée Marelle bordelaise.



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mardi 20 mars 2007

Dialogue vrillé

- Je trouve étonnant que tu n'aies rien à m'écrire du moment que je ne t'écris pas.

- Tu ne réponds jamais (rarement) à ce que je t'écris. Je préfère ne pas troubler tes silences, qui confortent les miens.

- Il est vrai que je ne réponds jamais (rarement) à ce que tu m'écris parce qu'il s'agit toujours (souvent) de très succincts commentaires de mes messages précédents, et pas (peu) de propos de première main. J'ai souvent l'impression d'être un petit cours d'eau inutile où tu ne rebondis (souvent majestueusement) que par un petit ricochet où tu te dilues en deux mots tout en me laissant croire à une vitalité que je n’ai pas.


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Guilde des Copistes Lumineux (version 1.2)

1. Son histoire


Guilde fondée par un Irlandais nommé Jilleil, à Laon en 1172, suite à la révolte communale de 1112. Elle rassemblait la plupart des copistes et/ou enlumineurs d'Europe qui privilégiaient la copie des ouvrages non exclusivement religieux d'auteurs antiques ou arabes. Ses privilèges s'étendirent jusqu'au sud de l'Italie, dans les pays Scandinaves et jusqu'au Rhin.


La ville de Lectoris devint la principale référence de cette guilde, puis un refuge avant que sa population ne soit décimée en août et septembre 1325 par une épidémie locale d'ergotisme (ou feu de Saint-Antoine) selon les uns, ou par un empoisonnement collectif selon les plus nombreux, dont Érasme. Il est vrai que l'Inquisition menait la vie dure aux membres de cette guilde et luttait par tous les moyens contre ses privilèges. L'assassinat, le 30 juillet 1233, de l'inquisiteur Conrad de Marbourg aurait été un prétexte utile à l'Église pour se débarrasser définitivement de cette guilde devenue trop influente qu'il accusait de cultes secrets. D'après sa théorie, selon laquelle l'homme d'abord s'imagine l'existence de Dieu, puis même s'il s'imagine la non-existence de Dieu, est incapable de se passer de Lui. L'homme a besoin d'un "objet" (ou d'un être) de culte, et donc si ce n'est Dieu, cet homme est un hérétique. Paulinius Zénoble Péliguon accusait Érasme et Guillaume Budé de connivence avec l'Église (qu'ils n'osèrent jamais défier optant pour un réformisme interne) en se démarquant d'un côté du passé de l'Église et de ses actes ignobles durant l'Inquisition, tout en voulant réhabiliter sa crédibilité, et d'un autre côté en niant que nul ne puisse être un érudit vraisemblable s'il nie la foi chrétienne. Étudiant à Oxford en 1474, Péliguon se pencha sur l’histoire de sa guilde et répertoria ses apports directs ou indirects au monde des lettres. Ceux-ci avaient été nombreux, surtout avant l'hécatombe de 1325. Par la suite, et surtout vers le milieu du 15e siècle, sous l’effet des persécutions inquisitoriales, la guilde avait périclité malgré de grandes figures.


C'est Jacques Galustre qui officialisa et réglementa la Grande Connivence, en 1258. Cette charte associa intrinsèquement la guilde des Copistes Lumineux à la ville de Lectoris. Le Haut Maître de la guilde devenait de plein droit le plus haut représentant de la cité. Les membres de la guilde purent surtout sortir de l’ombre.


Suite à l'hécatombe de 1325 la guilde n'eut pas de Haut Maître pendant plus de quatre années. Ce fut Strogald qui s'octroya ce titre, en décembre 1329, sous la pression d'Anaïs Dourille, plutôt que de laisser vacant. Après Strogald (mort en 1382) qu'Anaïs Lectoris obligea à démissionner en 1355, tous les Hauts Maîtres qui se succédèrent jusqu’à Hubert Astermille furent les descendants d'Anaïs.


Vers 1330 Strogald inventa les fibules propres à la guilde afin que les membres puissent se reconnaître. Ceux qui voulurent agir en pleine lumière prouvaient leur appartenance grâce une fibule forgée en différents métaux selon leur position dans la hiérarchie interne. Leur forme de parchemin en partie déroulé permettait d’y inscrire leur nom ainsi qu’une courte citation. Seules deux d’entre elles furent retrouvées, les autres ont dues être fondues pour de multiples raisons. Celle de Valechon est grande et écrite en latin ampoulé qui lui correspond à la perfection : « L’abysse perfectible engendre des îlots d’ignorance irréductibles sous l’emprise de l’inconséquence et de l’indifférence généralisées. » La seconde, signe de l’efficacité de son propriétaire, est celle d’Astermille écrite en grec (koinè). Il s’agit d’une courte citation de Pinclor : « Vivre son œuvre. » Les deux fibules sont dorées en signe de la valeur de leur porteur alors que Valechon ne fut jamais Haut Maître mais Haut Classeur, rôle essentiel mais sans prestige. C'est lui qui organisait l'ordonnancement des œuvres échangées choisis par le Haut Maître et le classement des copies qui arrivaient en grand nombre. Par contre Astermille méritait sa renommée. Il dormait cinq heures par nuit, ce qui lui permettait de consacrer ses talents à persuader les plus érudits de son époque à envoyer à Lectoris des copies des textes les plus importants en leur possession, et surtout à les convaincre de se réunir régulièrement à Lectoris où ils étaient accueillis chichement d’un côté matériel mais avec un grand respect pour leurs savoirs et leurs pensées. L’argent de la cité et de la guilde partait en litres d’encres de différentes couleurs et en parchemins de qualité. Parfois il fallait même payer certaines rares copies essentielles à la réflexion afin de contredire certaines thèses ou afin d’en étayer d’autres.


La guilde disparut à la mort en 1501 de Paulinius Zénoble Péliguon, le dernier des Hauts Maîtres. La corporation des copistes voyait d'ailleurs son importance décliner suite à l'invention de l'imprimerie.



2. Une succession de Hauts Maîtres


Les Hauts Maîtres étaient désignés à vie.


Jilleil, fondateur de la Guilde des Copistes Lumineux, voulait qu’elle lui survive. Il mit en place un système hiérarchique démocratique, la direction étant confiée à un conseil de huit Dignitaires élus tous les trois ans par les membres selon leur origine géographique et dirigés par le Haut Maître. Il instaura aussi mode très clair de succession des Hauts Maîtres. Le choix serait effectué lors d’un vote à la majorité relative du groupe des huit Dignitaires représentant l’ensemble des membres de la Guilde, vote où la voix du Haut Maître en place compterait double. Cette élection aurait lieu chaque année, mais le Haut Maître pouvait un mois plus tard appeler à une nouvelle élection s’il changeait d’avis. C’est suite à des revirements de la sorte que furent désignés Litt vers 1240, Jacques Galustre en 1262 et Flucandre en 1282.


Le grade de Haut Classeur était moins important et quelquefois on n'a pas conservé de trace de leur nomination. Ainsi, on ignore (à ce jour du moins) qui fut nommé Haut Classeur après la mort de Livanne en 1290 et jusqu'à la nomination de Pierre Burlin en 1322. C'est le Haut Maître qui nommait le Haut Classeur à son gré. Aussi cette fonction était très recherchée parmi les jeunes copistes qui venaient adhérer à la Guilde.


En novembre 1311 la donne changea, avec la démission de Flucandre. Certains Dignitaires menés par Bruno Dourille considéraient que son fils Benoît devait accéder à la fonction de Haut Maître comme prévu par l’élection. D’autres considéraient qu’il ne fallait pas tenir compte de l’élection précédente puisque Flucandre en démissionnant avait prouvé qu’il n’était pas digne d’être Haut Maître et qu’il avait forcément donné une mauvaise influence à cette élection. Un débat eut lieu durant des heures. Pour finir une nouvelle élection désigna comme vainqueur Bernard, l’autre fils de Bruno Dourille, avec 3 voix sur 7. Benoît Dourille reçut 2 voix. Pierre et Martin Burlin reçurent une voix chacun, ce qui est étonnant vu leur jeune âge. Par crainte d'une division profonde de la Guilde, les deux frères Dourille s’associèrent alors dans une collégialité respectueuse et furent désignés tous les deux Hauts Maîtres. Mais cette gouvernance bicéphale manquait d’envergure et de pugnacité.


Benoît et Bernard Dourille durent démissionner de leur fonction de Haut Maître en 1322 sous la pression des cousins Burlin qui cette fois surent convaincre les membres de la Guilde des Copistes Lumineux qu'un renouvellement était nécessaire afin de prouver à l'Église que Lectoris n'allait pas céder au pouvoir religieux, par principe. Cette fois l’élection eut lieu avant la démission des Hauts Maîtres qui, honteux, s’abstinrent. C’est ainsi que Pierre Burlin devint Haut Classeur, nommé par son cousin et néanmoins ennemi, le nouveau Haut Maître Martin Burlin, afin de tenter de calmer ses ambitions.


L’hécatombe en 1325, en décimant la population de Lectoris et en la privant de ses plus hauts dirigeants, désorganisa la Guilde des Copistes Lumineux. En décembre 1329, Anaïs Lectoris obligea Strogald à se désigner nouveau Haut Maître de la Guilde en perdition tout en en faisant son jouet. Anaïs Lectoris l’obligea à démissionner en 1355 au profit de sa lignée, qu’elle imposa jusqu’à la désignation en 1424 de son arrière-arrière-petit-fils Hubert Astermille. En 1476, dans une indifférence totale, ce pénultième Haut Maître choisit de son propre chef son successeur, Paulinius Péliguon qui avec sa mort, objet de superstition, mit fin à la Guilde des Copiste Lumineux.


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lundi 19 mars 2007

Hors saison

Le pauvre homme regarde la lumière passée du soleil qui déforme le goût de la vie comme un taureau glacé qui altère et gobe des souvenirs liés par le sceau sanglant d’une arme blanche. Son ombre porte au loin des contorsions ridicules qui font rire les enfants aux poches pleines de boîtes d’ailes de mouches et de fourmis qui ne voleront plus. Cette tâche sombre, image surexposée de son être qui ne veut devenir quelqu’un, glisse jusqu’à l’abreuvoir où croupissent d’anciens mâles de têtards putréfiés. Cette ombre criblée d’étoiles diurnes éclabousse le seuil de la maisonnette oubliée derrière cet oranger mal traité qui perd des fleurs à chaque bourrasque de vent. Les moineaux s’envolent et se déchirent. L’été démissionne et l’automne parachève, feuille après feuille, d’engloutir la moindre goutte asséchée de bonheur.

Dans l'eau de la claire fontaine, armée d'une bonne brosse en chiendent, je râcle jusqu'à l'os mes adjectifs et mes conjonctions. Quant à mes conjectures, je les fais revenir au beurre avec ail et persil, c'est un vrai régal, meilleur que des petit-gris ! Lorsqu'ils sont arrivés, on les reçoit avec les égards dus à leur rang d'oignons. Eu égard d'ailleurs à leur considérable ancienneté, il est légitime, naturel et souhaitable de les placer à fond de cale, pieds et poings liés, et de les nourrir de choux et de raves. Raves qui rêvent dans la nuit du tombeau, traversée de klaxons fulgurants, émaillée de figurants en costume de Seine, de Saône et de Loire. L'ombre des détours me conduit à la nonchalance des palais nomades, désarticulés par la rouille des anciens paravents.

Tes adjectifs et tes conjonctions s’accumulaient dans des corridors durs par peur de ne pas être choisis. Deux chapitres entamaient une présélection. Le plus ignoble d’entre eux cherchait des termes esclaves le long des rivières aériennes, et des gladiateurs pourfendeurs de mots déterminés dans des arènes souterraines et nauséabondes. Pendant ce temps l’autre chapitre, le petit, poussait à l’extrême des procédures d'expulsion de ses anciennes dents de sagesse. Il placarda une lettre qui dénonçait les verbes clandestins, les noms communs sans-papiers et les barbarismes homophones. Cela apparaît d’un autre temps. Pour les siècles des siècles sa lettre est le néant du partage, l’océan de l’incertitude, le séant de l’individualisme. Heureusement que toi, tu oses accueillir et échanger des phrases colorées et épicées. Je t’admire parce que tu chantes encore de sublimes paroles que d’autres regardent et caressent avec bonheur.

Tu chantes des paravents fleuris, des samovars surchauffés, des igloos décolorés, des ignames pointilleuses. Les mots tombent du ciel et s’accumulent dans des flaques qui grossissent et descendent dans la vallée. Ce flot glisse par-dessus de sublimes minables obstacles accoudés à leur opportunisme et qui attendent l’heure de la fermeture des esprits. Tes refrains métissés fusent jusque dans les prés hauts de l’école de la vive et belle allure. Tu devances le printemps et ta voix scintillante récolte des moments de bien-être.

Avec un besoin lancinant de crispuration, je verse dans mon verre un vin blanc pâle comme une héroïne de roman victorien. Il me faudra bien cela pour démarrer au tiers de tour et me mettre à chanter les louanges de l'aéronéantation. J'irais bien plutôt à la pêche à la ligne, mais je crois qu'il y a anguille sous proche et même sous reproche. Aussi je déploie mon foulard de moi sauvage et je déchiffre du côté trame, tandis que je délettre côté chaîne. Le printemps se précipite en agitant ses bannières bourgeonnantes et givrées par un retour agressif de l'hiver qui a sauté par dessus la barrière de corail. Derrière lui défilent les oppossums marbrés de velours pourpre et les petits menteurs à la voix de froid.


auteurs : Desman, Fuligineuse

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Néobarbarisme (3)

Ici chacun invente un (ou des) néologisme(s) ou barbarisme(s) et/ou une (ou des ) définition(s).

Amabage :
Circonlocution que l'on emploie pour ne pas avouer la véritable motivation d'un acte.

Bibeloter :


Colture :


Crispuration :
Action de se purifier lors d'une crise personnelle

Démaltiplier :
Boire de grandes quantités de whisky pur malt.

Déportiquer :
Changer un document de catégorie.

Détexter :
Continuer à écrire un texte bien qu'on soit persuadé de son total manque de valeur et d'intérêt.

Durvinage :


Frasir (verbe) :


Frénégation :
Négation frénétique de l'évidence.

Interpéleter :
Fournir des interprétations à la pelle, si nombreuses et divergentes que le sens se perd.

Interpetéler :
Confondre une personne dans un lieu public avec une personnalité de la télévision, et l'interpeler.

Interpételer :
Pratiquer des indentations dans le bord d'une pâte à tarte avant de la mettre au four.

Longuin :
Chemin plus long que le direct mais qui vous conduit quand même là où on va. Contraire de raccourci...

Maxillariser :


Privhatiser :


Pyropulence :
Richesse qui se traduit par le goût des feux d'artifice.

Salonité :
Tendance à papillonner dans les salons.

Tropalisme :
Principe de vie consistant à consommer de tout en quantités excessives.



Mots à trouver :

- Indécision au moment du choix du menu.
- Rebondir sur un texte écrit par un autre qui stimule votre imagination.


Auteurs : Fuligineuse, Desman

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dimanche 18 mars 2007

Pierre-Antoine Leokadich (verions 1.2)

(19 novembre 1907- 13 janvier 1977)

Fils du comte Wojciech Leokadich d’origine polonaise, après des études d’archéologie, il reprit les documents de son père et étudia l'oeuvre de Paulinius Zénoble Péliguon sur un plan littéraire et politique. Il voulait faire ressortir le caractère progressiste de ce texte et voyait en Péliguon un précurseur des utopistes sociaux du 19e siècle. Le peu d’éléments dont il disposait pour satisfaire sa curiosité le poussèrent vers l’écriture d’un roman fleuve, Fatum Lectoris ("le destin du lecteur"), qui mélange à la fois ses connaissances antiques sur l’œuvre et la vie de Pinclor et de Péliguon, l’histoire de la ville de Lectoris, la vie de son père ainsi que sa propre imagination.


Devant l’insuccès de ce premier roman, il donna des cours d’histoire et d’archéologie et écrivit des nouvelles qu’il plaçait dans différentes revues littéraires ou non sous différents pseudonymes. Au bout d’une dizaine d’années, il gagna assez d’argent pour se contenter d’écrire pour son propre plaisir. C'est sa jeune épouse Elvira qui s’occupait de trouver des éditeurs pour ses nouveaux textes, qui étaient de plus en plus courts. À la fin de sa vie, il se contentait de nouvelles d’une page ou deux. Il explora, à la manière de Pierre Boulle, tous les genres possibles. Il ne cherchait pas à avoir son propre style. Il cherchait simplement à trouver des histoires et des situations originales. Sa femme ne veut pas divulguer l’ensemble de ses noms d’emprunt. Elle a précisé, lors d’un entretien radiophonique consacré à son mari, qu’elle préparait un dictionnaire exclusivement réservé à ses différents pseudonymes, nouvelles, personnages et autres noms propres utilisés ou inventés, styles, expressions, néologismes… En attendant cet ouvrage, certains jeunes chercheurs en littérature française contemporaine commencent à affiner sérieusement leurs travaux d’études concernant Pierre-Antoine Leokadich. Une émission spéciale diffusée dans "Une vie, une œuvre" sur France-Culture en janvier 1997 lui a été consacrée pour commémorer le vingtième anniversaire de sa mort.


C’est ainsi que nous savons que Pierre-Antoine Leokadich avait commencé à rassembler des éléments pour écrire une histoire complète de la Guilde des Copistes Lumineux, dont Péliguon avait été le dernier Haut Maître. Il s'agissait non seulement de retracer l'histoire globale de la Guilde elle-même, sur l'espace d'environ trois siècles (de 1172 à 1501), mais aussi de raconter la vie de tous les personnages marquants qui en avaient fait partie, à commencer par le fondateur, Jilleil.


Il s'est avéré qu'il utilisait parfois des pseudonymes féminins. Ainsi il a signé sous le nom de "Fuligineuse" différents textes, dont les Lettres décousues de 1951 auxquelles il ajouta une seconde signature, "Desman". Il aimait se démultiplier.


« J'ai beau essayer de me diviser, il arrive un moment où je suis irréductible. » - Interview de 1974


Il avait conçu également le projet d'une encyclopédie imaginaire dont tous les éléments allaient par deux en répondant à des correspondances secrètes qu'il avait établies entre eux. Une ville pouvait être associée à un instrument de musique, un fleuve à une fleur, un livre à un animal, etc. Bien avant l'avènement de l'informatique pour tous, ceci demande à être précisé pour qu'on n'y voie pas une quelconque allusion, il s'était prévu une place dans sa propre encyclopédie en s'associant à un mulot. Au moment de sa disparition, les fiches établies en vue de ce travail étaient au nombre de 4807.


En 1954, Elvira Leokadich retrouva dans de vieux cartons d’anciens cahiers de son mari. Il les relut avec intérêt. Il s’agissait de théories sur de nouvelles formes de démocratie qui lui semblaient primordiales à l’époque et qu’il n’avait jamais approfondies par manque de temps. Il reprit cet idéalisme avec la même passion. Avant de tester ses théories à l’échelle d’une ville ou d’un pays, et étant contre toute forme de révolutions qu’il trouvait toujours hasardeuses, il se limita à quelques très petites entreprises. Son idée maîtresse portait en premier lieu sur un contrôle non exécutoire des décisions du chef d’entreprise par les ouvriers. Il fut déçu de ne trouver qu’une seule entreprise en France où les ouvriers et le patron acceptaient cette idée de transparence totale. Il s’agissait de l’entreprise familiale crée par Nicolas Bridevoix à Autruy-sur-Juine dans le Loiret. Ce garage de cinq ouvriers fonctionnait bien, il est vrai, mais l’arrivée de Pierre-Antoine Leokadich, après un accueil bon enfant, sans dégénérer à un pugilat, aboutit à mettre sur le tapis d’anciennes querelles engendrées par la jalousie ou l’incompréhension. Des demandes d’explication surgirent. Surtout lorsque les ouvriers (dont les deux frères de Nicolas Bridevoix) découvrirent la quantité d’argent investie dans le nouveau matériel d’occasion qu’ils venaient de recevoir. Huit mois plus tard, David et Benoît Bridevoix quittèrent le garage pour fonder le leur dans la commune d’à côté, à Charmont-en-Beauce. Fort de ce succès qu’il cachait aux nouvelles entreprises qu’il prospectait, Pierre-Antoine Leokadich fit le bonheur et le malheur de plus d’une centaine d’ouvriers et de dix-huit patrons. Ses statistiques s’empilaient, ses théories s’affinaient, sa passion augmentait… jusqu’au jour où un patron se vengea physiquement et qu’il se retrouva les jambes brisées sur un fauteuil à roulettes pendant plus d’un an ; ce qui mit fin à ce projet.


Ensuite Pierre-Antoine Leokadich passa de nombreux mois de rééducation à Poschiavo dans les Alpes italiennes pour se muscler les jambes et réapprendre à marcher. Il prit alors goût à la marche et acheta dans la région un chalet très confortable qu’il ne quittait que pour explorer d’autres pays pentus à souhaits. C’est ainsi que, resté très sportif en abordant la septième décennie de son âge, Pierre-Antoine Leokadich mourut au Bhoutan dans un accident de montagne au cours d'un trekking dans l'Himalaya.


auteurs : Desman, Fuligineuse

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La famille Dourille (version 1.2)

Bruno Dourille né en 1235, Haut Classeur de la Guilde des Copistes Lumineux, s’est marié avec Isabelle Plissandre. Ils ont eu cinq fils dont Benoît et Bernard.

Benoît Dourille né en 1260, s’est marié avec Hélène Vilbine. Ils ont eu un quatre fils dont Manassier en mars 1288.

Bernard Dourille né en 1262, s’est marié avec Héloïse Vilbine, sœur d’Hélène. Ils ont eu deux fils et trois filles, dont Éléonore en mai 1288.


Manassier Dourille et Éléonore Dourille ne se sont pas mariés mais ont eu en 1307 une belle enfant malformée prénommée Anaïs. Elle avait une toute petite queue de cinq centimètres comme celle d’un singe. Ses parents l’aimèrent malgré les diatribes des habitants de Lectoris lors de la découverte de ce phénomène. Certains refusèrent que Manassier et Éléonore restent membres de la guilde. Le 28 octobre 1311 après bien des débats et des controverses le Haut Maître Flucandre qui les avait défendus décida, craignant une division profonde au sein de la communauté, de ne pas exclure Manassier et Éléonore mais de chasser Anaïs de Lectoris. À son grand regret ce fut la seule solution qu’il trouva. Manassier et Éléonore emmenèrent Anaïs en des contrées éloignées et cachèrent l’appendice objet de leur malheur à eux trois. En tant que parents ils auraient bien coupé cette queue inutile mais ils avaient peur d’une hémorragie mortelle.

En novembre 1311, suite à ce départ, le Haut Maître Flucandre démissionna et ce furent les frères Dourille (Benoît et Bernard) qui le remplacèrent au sein d’une collégialité efficace mais sous l'influence grandissante de l'Église. Ils lancèrent aussitôt des recherches secrètes pour retrouver leurs enfants rejetés. Au bout de cinq années ils abandonnèrent ces recherches et se concentrèrent à nouveau sur le développement de Lectoris et de la Guilde. Pendant ce temps Anaïs Dourille grandissait dans le petit village de Rothenburg (maintenant ville de Rothenburg ob der Tauber) en Bavière.

Benoît et Bernard Dourille durent démissionner de leur fonction de Haut Maître en 1322 sous la pression de la famille Burlin qui sut convaincre les membres de la Guilde des Copistes Lumineux qu'un renouvellement était nécessaire afin de prouver à l'Église que Lectoris n'allait pas céder au pouvoir religieux, par principe. Pierre Burlin devint Haut Classeur et Martin Burlin son cousin et néanmoins ennemi le Haut Maître.


Lorsqu’Anaïs fut en âge de raison, tant elle posait de questions, ses parents lui expliquèrent leur départ de Lectoris. Elle se promit de les venger ! Elle fit tout pour éviter que quelqu’un apprenne sa malformation, ce qui ne fut pas facile à cause des garçons qui lui tournaient autour. Avec son caractère et sa haine pour tout bagage, Anaïs quitta à 17 ans le village de Rothenburg pour rejoindre Lectoris, laissant une lettre à ses parents qui se mirent en chemin pour la rattraper et l’empêcher d’atteindre son but. Anaïs était si discrète qu’ils perdirent sa piste dès la première semaine. Ils accélérèrent le pas pour arriver rapidement. C’est ainsi qu’ils la devancèrent et furent accueillis à Lectoris par des sourires crispés. Tous voulaient savoir ce qu’il était advenu à leur fille munie de son appendice caudal.


Anaïs Dourille, pendant que ses parents tentaient une fois de plus d’argumenter en sa faveur, trouvait des difficultés à rejoindre Lectoris à cause de sa beauté et de sa féminité. Elle décida donc de s’habiller en homme et de changer sa voix ainsi que ses manières. Fin août 1325, à mesure qu’elle avançait vers Lectoris, elle apprenait de mieux en mieux que la cité avait été touchée par le feu de Saint-Antoine, qu’il ne fallait pas y aller, que la ville de Lectoris était maudite. Lorsqu’elle arriva, elle força les doubles barrières qui ceinturaient la cité. Celles installées par les habitants des alentours qui voulaient interdire aux Lectoriens de sortir et de propager la maladie, et celles intérieures pour faire obstacle à ceux qui auraient voulu entrer et retrouver une femme, un ami ou un frère. Anaïs retrouva sa mère morte et son père agonisant. Il lui fit promettre de quitter la ville sans attendre afin de revenir dès que la maladie aurait quitté ce lieu. Il fallait qu’Anaïs vive pour réorganiser la Guilde des Copistes Lumineux et repeupler Lectoris. La population de Lectoris fut décimée entièrement, y compris les cousins Burlin.


Anaïs Dourille se fit dorénanvant appeler Anaïs Dourille Lectoris mais tous la nommèrent Anaïs Lectoris. Elle passa les vingt années suivantes à faire des enfants (dont aucun ne reçut en héritage sa malformation) et à correspondre avec les différents membres de la Guilde afin de les motiver à poursuivre leur tâche. C’est elle qui contacta Strogald dans la ville libre d’Augsbourg près de Munich. Anaïs força Strogald à se décerner lui-même le titre de Haut Maître en décembre 1326. En réalité c’est elle qui dirigea la Guilde. Elle plaça ses enfants devenus adultes dans les plus hautes fonctions de celle-ci. Sa régence choqua plus d’un membre de la Guilde mais elle avait su devenir indispensable et à moins de créer un ‘‘schisme culturel et hors de toute religion’’ personne n’aurait pu agir sans son consentement.


Les noms des enfants d'Anaïs Lectoris (onze garçons et une seule fille) furent Paulin (dit Geoffroy) de Fenzac, Baudouin Lanturnier, Lazare Rossav, Nestor Padidolie, Aubin Rozac, et puis de son dernier amant nommé Astermille : Irénée, Marcellin, Pacôme, Constantin, Médard, Ulrich (en souvenir d'un de ses camarades allemands) et Rosalie.


Après Strogald (mort en 1382) qu'Anaïs Lectoris obligea à démissionner en 1355, tous les Hauts Maîtres qui se succédèrent jusqu’à Hubert Astermille furent ses descendants. Elle mourut en 1424 à presque 120 ans. C'est son fils Paulin de Fenzac dit Geoffroy de Fenzac qui devint Haut Maître sous sa bénédiction en 1355. Il mourut dès 1357 d'une indigestion. Anaïs le remplaça par un autre de ses fils, Baudoin Lanturnier qui se noya en 1366. Elle le remplaça par l'un de ses petits-fils, Mathurin Rossav qui ne voulait pas de la place, par peur d'un châtiment. Il se cacha de son mieux et laissa Anaïs Lectoris diriger ouvertement la Guilde. Il tenta de se suicider en 1406, ce qui exaspéra Anaïs qui le remplaça par Richard Pididolie, l'un de ses arrières-petits-fils. Il garda le titre 4 ans avant de mourir empoisonné en 1410. Anaïs Lectoris lui choisit pour successeur un autre de ses arrières-petits-fils, Gilbert Rozac qui fut poignardé par un fou en 1423. Cette année-là, ce fut l'un des arrières-arrières-petit-fils d'Anaïs Lectoris, Enguerrand Prospirac, qui fut contraint de prendre le titre de Haut Maître. Il fut empoisonné un an plus tard. Seul Hubert Astermille accepta de suivre les dernières directives d'Anaïs Lectoris qui mourut de vieillesse quelques jours plus tard. Hubert Astermille désespéré de voir la Guilde se démanteler un peu plus chaque année. Dès qu'il fit connaissance de Paulinius Péliguon il sut qu'il serait le prochain Haut Maître, le seul compétant et assez passionné pour revitaliser les branches mortes de la Guilde. Il céda en 1476 la place à Péliguon qui devint ainsi le plus jeune Haut Maître de l'histoire de la Guilde des Copistes Lumineux. Ce dernier occupa cette fonction jusqu'à sa mort en 1501. Malheureusement, la Guilde ne lui survécut pas.


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Anthelme Courbedanse (version 1.2)

Né à Paris en 1413, ce jeune étudiant peu studieux, fit partie moins d’une année de la Guilde des Copistes Lumineux. Après s’être essayé aux miracles et aux mystères, il rejoignit la confrérie des « Scolastiques Irrévérents » où se réunissaient des étudiants des quatre grandes nations de l’université de Paris que sont la Normandie, la France, la Picardie et l’Angleterre. Il excellait dans ses rôles de fous des soties puis se passionna pour la farce, plus construite et frappant le cuistre avec plus de discernement et de précision. Ses talents d’acteur attirèrent d’autres étudiants qui pensaient plus à s’amuser qu’à poursuivre leurs efforts liés aux études.


Il s’essaya sans succès aux virelais et rondeaux polyphoniques. Il ne devait pas posséder l’oreille musicale. Il affectionnait les mots et se concentra sur leur sens. La richesse des dialogues et de leurs interprétations le distingua de ses contemporains. Chacune de ses œuvres, de par leurs polysémies, offraient plusieurs niveaux d’écoute et chacun y trouvait les pensées grossières ou les subtilités qu’il méritait. Il fut invité dans différentes cours mais Paris avait sa préférence. Vers 1432, s’inspirant de ce qu’il pouvait imaginer d’un éventuel voyage en de lointaines contrées et des mœurs en usage, il créa une sotie, Le vainqueur esseulé moquant un jeune prétentieux qui arriverait en territoire conquit sans en connaître, ni la langue, ni les coutumes. Il épuiserait ses concurrents les uns après les autres jusqu’au jour où, satisfait de son ultime performance, il serait devenu son seul auditeur tant ses paroles seraient devenues hermétiques.


En 1437 il épousa Cornélie Lessaffre, une étudiante Normande admirative. Leur passion s’interrompit en 1479 lorsqu’elle mourut d’un mal inconnu. Dans l'impossibilité de créer de nouvelles farces il se força à jouer. Il reprit d’anciennes soties parmi les plus vulgaires où il semblait littéralement être devenu fou. Son chagrin cessa en 1485, le jour où il se mit en tête de créer une œuvre où il imbriqua avec habilité des pastourelles crues et des ballades à l’amour courtois. Il nomma cet ensemble inattendu Les affres de l’amour.


Incapable de se contenter des histoires mille fois jouées, Courbedanse inventait des intrigues tirées de ses expériences passées. C’est ainsi que sa confrérie joua la farce Le Copiste Éclairé dès 1435, qui tailla une renommée définitive à la déclinante Guilde des Copistes Lumineux. Il y joua son propre rôle à la fois naïf et désinvolte, mettant à mal les contradictions flagrantes et les prétentions passéistes de cette guilde. Ce succès lui valut une protection de l’Église qu’il accepta plusieurs années. Un jour Courbedanse rencontra Hubert Astermille, le Haut Maître de cette guilde, qui lui donna une leçon magistrale sur sa couardise et sur les méfaits qu’il avait occasionnés. Il créa une nouvelle farce plus cinglante centrée sur cet épisode, tout en commençant à assimiler que ce qui avait le plus de succès auprès du public était la distinction entre la foi et la religion. Ses farces suivantes continrent toutes un homme d’église, qu’il fût moine ou évêque. Courbedanse se rangeait toujours au plus près des idées papales afin de sauvegarder ce pouvoir de critique acerbe.


Ce n’est qu’à la fin de sa vie, en 1489 que Courbedanse, avec la farce Privilèges palpables, s'offrit le luxe de se moquer directement du pape et de sa fonction privilégiée, trahissant ses propres convictions. Il devint aussi célèbre que ses farces, et le pape Innocent VIII plutôt que d’en faire un martyr, préféra le laisser mourir de vieillesse. Pour le bonheur du nouveau pape Alexandre VI, c'est ce qui advint en 1498 quand Courbedanse mourut d'une crise cardiaque pendant qu’il répétait une nouvelle farce, directement inspirée par le Nouveau Monde qui lui offrait une source d’inspiration qu’il disait inépuisable. Il aurait voulu vivre cent ans de plus pour laisser à de plus énergiques que lui les rôles principaux qu’il s’attribuait et pouvoir créer, sans pause, farce après farce.


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Lectoris (version 1.3)

Lectoris est un village de la Thiérache en Picardie. Il abandonna son ancienne appellation de Belon en 1153 sous l'impulsion de la guilde des Copistes Lumineux.



Ce village de 152 habitants aujourd'hui connaît l'histoire de cette ancienne cité qui atteignit dix mille habitants avant la grande hécatombe. Il ressort des écrits de Paulinius Zénoble Péliguon que cette ville (où il est mort) qui aurait voulu être la capitale du royaume de France et, par son érudition, briller et rendre la vie plus facile au-delà de ses murs, disparut très rapidement au 13e siècle. La ville de Lectoris devint la principale référence de la guilde des Copistes Lumineux, puis un refuge avant que sa population ne soit décimée en août et septembre 1233. Officiellement, une épidémie locale d'ergotisme décima sa population, ne laissant personne de vivant en les murs de la ville.

C'est Jacques Galustre qui officialisa et réglementa la Grande Connivence, en 1258. Cette charte associa intrinsèquement la guilde des Copistes Lumineux à la ville de Lectoris. Le Haut Maître de la guilde devenait de plein droit le plus haut représentant de la cité. Les nombreuses copies de textes envoyés par les membres de la guilde depuis les quatre coins de l’Europe et parfois même d’Orient vers Lectoris n’eurent plus à être cachées. Jacques Galustre améliora le système des transmissions. Elles furent protégées par un sceau dont chacun respectait la confidentialité. Cependant de nombreux anciens copistes de la guilde gardèrent leur habitude d’une transmission discrète.

Curieusement, le parchemin de la Grande Connivence n'est pas conservé à Lectoris, mais se trouve à Tours, à la suite de bouleversements dont le fil a été perdu au cours des siècles.



Au centre de Lectoris se trouvait une fontaine que l'on pouvait apercevoir du haut de la colline située au nord. Le système utilisait l'eau d'une source généreuse en quantité mais que personne n'osait détourner par superstition. Lavoulette, le disciple de Péliguon, a affirmé que cette fontaine fonctionnait encore en 1501. Elle mesurait trois mètres de hauteur et était située sur la grande place où toutes les rues de la ville convergeaient. C'est l'œuvre de Villard de Honnecourt, au début du XIIIe siècle. Il avait aussi insisté auprès de Geoffroy de Fenzac pour édifier, puisqu'on lui refusait de construire le moindre bâtiment religieux, un lieu de convivialité et de culture. Aussi avait-il prévu d'élever, à côté de cette fontaine, une immense construction avec une salle entourée de petites pièces où chacun aurait pu s'isoler.

Malgré leurs différends, le Haut Classeur Pierre Burlin et son cousin le Haut Claseur Martin Burlin jouèrent un rôle déterminant en s'alliant dans les années qui ont précédé la fin de Lectoris en 1325 en défendant les privilèges de la ville et de la guilde contre les tentatives insidieuses des successeur de l'inquisiteur Conrad de Marbourg, assassiné en juillet 1233. L'Église soupçonnait la Guilde des Copistes Lumineux d'être les commanditaires de cet assassinat. Les Hauts Maîtres de la guilde concentrèrent leurs efforts sur cette querelle manifeste avec l'Église. Sans cet épisode de 1233, Lectoris aurait construit la plus grande bibliothèque de l'époque. Seuls trois plans, retrouvés et publiés par Péliguon, nous sont parvenus.



Cette ville a été mise en quarantaine et évitée durant des siècles, jusqu’à ce que Wojciech Leokadich, un richissime aristocrate Polonais, rachète à l’État français l’ensemble des propriétés la composant en 1889. Il s’installa dans la plus belle bâtisse mais trouva nul ouvrier courageux afin de réaménager les constructions délabrées. Pendant trente-deux années il se fit donc charpentier, couvreur, plombier, ébéniste, etc.

Si l’on en croit ses délires sur un lit de l’hôpital, il passait chaque jour devant l’énigmatique statue de marbre blanc protégée des intempéries par une fine matière qui lui renforçait son éclat. Cette femme nue bien humaine à l’aspect divin resplendissait aux rayons des lumières nocturnes ou diurnes. Il en était tombé amoureux. Dès qu’il se réveillait, il ouvrait les persiennes et lui parlait, lui racontait ses rêves et semblait écouter les siens. Après une toilette rapide et glaciale dans la fontaine il caressait ce corps et lui susurrait des insanités avant de s’accoupler à elle depuis qu’il avait découvert que le sexe de cette statue, malgré sa dureté offrait une légère ouverture suffisante pour y pénétrer deux doigts ou même son propre sexe. Il suffisait d’un peu de lubrifiant pour y jouir pleinement, agrippé à ce corps si fort et délicat. Lorsqu’il œuvrait à la régénération de Lectoris, il savait qu’elle n’était pas loin, à le regarder et à l’encourager.

Nous savons grâce à son fils Pierre-Antoine Leokadich que Wojciech Leokadich chercha à savoir qui avait érigé cette magnificence au cœur de Lectoris. Personne ne sait qui elle représentait mais Wojciech et son fils étaient persuadés qu’il s’agissait d’une splendide représentation d’Anaïs Dourille, dite Anaïs Lectoris, la figure la plus emblématique de la Guilde des Copistes Lumineux bien que n’y ayant jamais fait partie. Leur principal argument était une légère excroissance caudale quasi invisible au premier regard. Pierre-Antoine Leokadich chercha sans succès à comprendre par qui, quand, comment et pourquoi cette statue fut façonnée et installée à Lectoris alors que la ville avait été mise en quarantaine depuis la grande hécatombe de 1325, et qu’avant cette année-là les Lectoriens rejetaient la présence d’Anaïs Lectoris dans leur cité et l’en avaient même chassée.

Après sa mort dans un hôpital en octobre 1921, une autopsie fut demandée par le préfet de la région et comme nulle trace de poison ne fut trouvée, l’État français racheta cette propriété à ses héritiers et transforma, avec l’aide des habitants rassurés des alentours, la ville en un musée grandeur nature selon les projets du comte Leokadich, basés sur les descriptions détaillées des livres de Péliguon.



Lectoris fut "miraculeusement" épargnée par les combats de la première Guerre Mondiale et détruite lors de la seconde. Un village fut reconstruit sur le site en 1953. Il prit le nom de Belon par superstition


auteur : Desman

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samedi 17 mars 2007

Mes yeux

Je me regarde dans la glace.
Je regarde mes yeux. Il se passe quelque chose.
Je ne sais pas comment c'est venu mais il y a dans mon oeil gauche quelque chose de triste.
Et ce n'est pas dans mon oeil droit, il est tranquille et serein.
Mes yeux sont pareils, ils sont de la même taille, ils sont de la même couleur.
Ils sont bien à leur place.
Mais il y en a un qui est triste.
Je ne sais pas comment c'est venu.
Mais c'est là.

auteur: Fuligineuse

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Bandonéon au plafond

Du fin fond du faubourg nous parviennent des harmonies désaccordées, désinfectées, désarticulées. Nous nous dirigeons vers ces sources d’eau claire pour y laver nos oreilles ensablées de rumeurs urbaines écorchisantes. Dans les rues, sur les pavés mouillés, traînent des lueurs polaires tombant des tubes au néant qui ornent les enseignes menteuses des établissements disposant de la licence IV. Un autobus hors d’âge passe en secouant son menton en galoche, les passagers s’accrochent frénétiquement à leurs cornalines, le contrôleur passe un peigne d’écume dans ses cheveux bouillonnants. Plus nous approchons de la taverne, plus la musique nous enroule dans ses volutes voluptueuses. La porte s’ouvre soudain brutalement.

L’autobus nous envoie promener sous les arcades sourcilières de la seule place assise à des kilomètres à la ronde. Une musique ambiguë accompagne un champteur adepte du vibratotracteur continuel. Sa champson détaille le but de la vie qui se dépouille de ses plaisirs un à un et se retrouve nu comme une prophétie réalisatrice à la fibre optique municipale. Derrière ce phénomène, nous apercevons une cloueuse de girofles au long cou tacheté d’anciennes vignettes. Cette femme, parfumée avec des pots-pourris pourris, s'est affublée d’une décente de lit fleurie de myosotis fanés. Elle porte aux pieds des mokas singeant des feux de tailles différentes.

Derrière ce nuage de musique imprécise, je devine un vieillard gothique qui aligne des métamorphoses symboliques et des piques aiguisées. Il feuillette l’histoire de nos vies. Souvent il s’ennuie moins seul qu’en compagnie d’un autre, depuis que la tribu des auteurs du peuple des créateurs qui n’ont plus la prétention de changer les gens et le monde ne cesse de bourgeonner dans tous les sens. Les mots creux rouillent à la moindre lecture, les phrases s’écaillent à longueur de texte et les livres s’effritent dans nos mains, sous nos yeux isolés comme des astres prévisibles. Ce vieil homme au volant de ses pointillés mirobolants, je l’admire !

Il porte une barbe fleurie et des sandales barbaresques. Il écoute toute la journée de la musique ancienne, surtout des maux taies et des madrid-goths. Sa maison est un composé harmonieux de chandeliers baroques et de baroudeurs. Vieil art de situer et d'intégrer les atermoiements de nos peccadilles. Nous sommes complètement sous sa coulpe de glace à la fraise. Il suffit d'appuyer sur un bouton de rose pour recevoir en pleine figure un flux déchaîné de sorbets aux couleurs fluorescentes. Mais une épuisette astucieusement disposée permet de les récupérer à temps et de les déposer sur un compte joint dont les courbes sont indexées sur la diagonale du fou.

Par vagues, les actions déferlent, montent et descendent des caïds à tour de données préélectorales. La moindre variable s’ajuste comme une dernière goutte de rhum avant de refermer la barrique à grands coups de marteau. La soute de la galère est bientôt remplie. Les ornements lustrés brillent et coulissent de long en large au gré des vents affectueux. Le capitaine déguisé en matelot sombre est clairsemé de paillettes violacées. Il indique la voix à écouter et s’agenouille en demandant grâce aux intempéries. Il heurte la terre ferme et définitive avant de se signer en bas à droite. Il voit sa cargaison s’enflammer. Le voilà seul comme jamais comme toujours. Il attend là, relève sa visière trempée de sueur et il porte dans ses rêves une hacienda couleur orange au jus sanguinolent. Ses yeux se ferment sous l’acidité et sa tête explose d’incertitudes.


auteurs : Fuligineuse, Desman

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La famille Dourille (2)

Lorsqu’elle fut en âge de raison, tant elle posait de questions, ses parents lui expliquèrent leur départ de Lectoris. Elle se promit de les venger ! Elle fit tout pour éviter que quelqu’un apprenne sa malformation ce qui ne fut pas facile à cause des garçons qui lui tournaient autour. Avec son caractère et sa haine pour tout bagage Anaïs quitta à 17 ans le village de Rothenburg pour rejoindre Lectoris, laissant une lettre à ses parents qui se mirent en chemin pour la rattraper et l’empêcher d’atteindre son but. Anaïs était si discrète qu’ils perdirent sa piste dès la première semaine. Ils accélérèrent le pas pour arriver rapidement. C’est ainsi qu’ils la devancèrent et furent accueillis à Lectoris par des sourires crispés. Tous voulaient savoir ce qu’il était advenu à leur fille munie de son appendice caudal.

Anaïs, pendant que ses parents tentaient une fois de plus d’argumenter en sa faveur, trouvait des difficultés à rejoindre Lectoris à cause de sa beauté et de sa féminité. Elle décida donc de s’habiller en homme et de changer sa voix ainsi que ses manières. Fin août 1325, à mesure qu’elle avançait vers Lectoris elle apprenait de mieux en mieux que la cité avait été touchée par le feu de Saint-Antoine, qu’il ne fallait pas y aller, que la ville de Lectoris était maudite. Lorsqu’elle arriva força les doubles barrières qui ceinturaient la cité. Celles installées par les habitants des alentours qui voulaient interdire aux Lectoriens de sortir et de propager la maladie, et celles intérieures pour faire obstacle à ceux qui auraient voulu entrer et retrouver une femme, un ami ou un frère. Anaïs retrouva sa mère morte et son père agonisant. Il lui fit promettre de quitter la ville sans attendre afin de revenir dès que la maladie aura quitté ce lieu. Il fallait qu’Anaïs vive pour réorganiser la Guilde des Copistes Lumineux et repeupler Lectoris.

Elle passa les vingt années suivantes à faire des enfants (aucun ne reçu en héritage sa malformation) et à correspondre avec les différents membres de la Guilde afin de les motiver à poursuivre leur tâche. C’est elle qui contacta Strogald dans la ville libre d’Augsbourg près de Munich. Anaïs força Strogald à se décerner lui-même le titre de Haut Maître en décembre 1326. En réalité c’est elle qui dirigea la Guilde. Elle plaça ses enfants devenus adultes dans les plus hautes fonctions de celle-ci. Sa régence choqua plus d’un membre de la Guilde mais elle avait su devenir indispensable et à moins de créer un ‘‘schisme culturel et hors de toute religion’’ personne n’aurait pu agir sans son consentement.

Tous les Hauts Maîtres qui se succédèrent jusqu’à Astermille descendaient d’Anaïs Dourille.


auteur : Desman

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